Le samedi 1er mai 1993


LE MAL ÉLEVÉ DE LA PRESSE
Pierre Foglia, La Presse

par Louise Gendron
(CE PORTRAIT EST TIRÉ DU MAGAZINE QUÉBÉCOIS L'ACTUALITÉ du 1er mai 1993)

Signé Pierre Foglia. Plus de 2000 chroniques en quelque 15 ans. Près d'un million de lecteurs par semaine. Un style unique. Une énorme influence.

D'abord vérifier rapidement en page A5 de La Presse. Petit pincement de déception : il n'y est pas. Vraiment, il exagère ; voilà presque deux semaines que ça dure et je me sens abandonnée. Comment peut-il me faire ça, à moi qui ne pars jamais en vacances sans trouver quelqu'un pour arroser les plantes et me découper Foglia ?

Il rêvait d'un lectorat discret, composé des quelques personnes sensées égarées dans ce siècle de fous. C'est raté. Pas un journal étudiant de Montréal où ne sévisse la plume laborieuse d'un simili-Foglia acnéique. Pas une cafétéria gouvernementale qui ne commente ses vacheries définitives sur les mérites comparés de Michèle Richard et des tondeuses à gazon ou ses prises de position convaincues sur " cette société de cul qui paie plus cher pour protéger ses voitures que pour faire garder ses enfants ".

Il est connu de 90 % des lecteurs de La Presse où il jouit de la plus haute cote de lecture : plus de 80 % de nos lecteurs le lisent, dit Tony Lanza, directeur du département de recherche marketing. Claude Masson, éditeur adjoint, admet que Foglia est le seul journaliste dont le départ pourrait faire chuter le tirage. Et seules les conventions syndicales empêchent Roger D. Landry, président et éditeur de La Presse, de publier Foglia dans les autres quotidiens du groupe, dont Le Nouvelliste et La Voix de l'Est.

Ghislain Dufour, le président du Conseil du patronat, adore ses reportages à l'étranger et Gérald Larose, le président de la CSN, trouve qu'" avec lui au moins on n'est pas dans la morve de l'objectivité à tout prix ". Jusqu'à Augustin Roy, le président de la Corporation des médecins du Québec, qui apprécie sa grande justesse de jugement et songe à l'inviter à souper. " Il me voit comme quelqu'un de rigide et sévère, dit-il, mais s'il me connaissait, je suis certain qu'il m'aimerait "

Foglia a interviewé un cheval de course et s'est fait réprimander par Mère Teresa pour être allé à la messe en pantalons courts. Il s'est acheté un balai à Medellin, capitale colombienne de la cocaïne, et a assisté à un repas de première communion à Beyrouth en pleine guerre du Liban. Il a couvert les élections fédérales depuis un magasin général du comté de Bedford et la guerre du Golfe du fond des souks des petites villes. Il a visité la planète des homosexuels montréalais , sillonné à vélo tous les coins du Québec et d'ailleurs, et fouillé les tactiques des gourous du Nouvel Age.

Assis à la tribune de la presse à la Chambre des communes, il s'est aussi demandé : " Quand un député dit à un autre député de se fourrer la tour du CN dans le cul, pourquoi moi, pour les écouter, suis-je obligé de porter veston et cravate ? " Foglia, c'est un style unique qu'il forge patiemment depuis 20 ans qu'il est vissé à sa machine à écrire.

Un cas à part. Il a depuis longtemps quitté officiellement le journalisme sportif ( ses premières amours ) mais c'est quand même lui qui, l'été dernier, nous a raconté le Tour de France d'abord, les Olympiques de Barcelone ensuite. " Personne ne parle vélo intelligemment comme lui ", dit Michel Labrecque, de Vélo-Québec.

Il n'est pas non plus reporter international mais c'est lui que La Presse, qui voulait une couverture originale de la guerre, a envoyé dans le Golfe en 1991. Et le reporter politique Jean-François Lisée constate que Foglia, pourtant fort loin de la page éditoriale, pose souvent un regard très juste sur les événements. " Lorsque Jacques Parizeau a déclaré que les Québécois francophones de souche pouvaient faire l'indépendance sans le vote des communautés culturelles, l'opinion médiatique l'a conspué, sauf Foglia qui refuse toute langue de bois, même pro-allophone. " Fait d'autant plus intéressant que cet Italien élevé en France et " vieilli " au Québec ( il est arrivé ici au début des années 60 ) est le plus bel immigrant pure laine dont on puisse rêver : malgré la phonétique italienne, qui voudrait qu'on prononce son nom ( à peu près ) Follia, Foglia il est ( avec un g ), Foglia il restera.

" Ce gars-là a la faculté rare de retourner comme un gant un sujet dont tout le monde parle depuis une semaine, de lui donner un éclairage inédit et frappant de justesse ", dit Gérald Larose. C'est aussi le seul qui peut impunément parler de son chat et de son millième cancer du côlon, traiter son lecteur d'inculte ( parce qu'il ne connaît pas l'auteur français Pierre Desproges ) ou de " con d'eau " ( s'il va en vacances à Wildwood ). Il peut dire n'importe quoi, ses lecteurs l'aiment quand même.

Et si d'aventure certains cessent de l'aimer, ils n'en continuent pas moins à le lire. Car s'il a ses inconditionnels, le chroniqueur dispose aussi d'une considérable collection d'ennemis, assemblée au fil des années et de centaines de petits commentaires assassins. Sous sa plume acérée, Francine Grimaldi, critique de spectacles à Radio-Canada et collaboratrice à La Presse, devient " une endive qui aurait des ailes et ferait cuicui " et l'intervieweur Robert Guy Scully " brille côté cerveau mais côté coeur, qu'est-ce qu'on se gèle le cul ". Denise Bombardier refuse de parler " de ce personnage qui a dit des choses infâmes sur mon fils et sur moi ", et Jean-Luc Mongrain, malmené dans quelques chroniques varioliques, n'a même pas voulu répondre aux questions de L'actualité. Le vilain vaut à La Presse quelques mises en demeure par année. Parmi elles, celle de la chanteuse Michèle Richard qu'il avait aimablement traitée de " lasagne, de toaster, de tondeuse à gazon ". Elle a bien fait. De bonne grâce, le journaliste s'est empressé de s'excuser auprès de toutes les tondeuses à gazon du Québec.

Qu'on l'aime ou pas, il exerce une influence, peut-être involontaire, toujours nonchalante, mais souvent décisive. En janvier dernier, il a raconté l'arrestation maladroite d'un jeune conducteur de bonne famille roué de coups par un policier montréalais. Quelques jours plus tard, Alain Saint-Germain, directeur du Service de police de la Communauté urbaine de Montréal, annonçait une enquête spéciale sur cette affaire. Eric Trottier, jeune reporter aux faits divers à La Presse, n'en revenait pas : " Je suis jaloux, soupire-t-il. Des histoires comme celle-là, j'en ai raconté des dizaines... dans l'indifférence générale. "

Foglia parle-t-il favorablement d'un bouquin qu'Yves Godin, responsable des achats à la librairie montréalaise Renaud-Bray, saute sur son téléphone pour en commander. " C'est chaque fois la même chose et c'est phénoménal, dit-il. J'en vendrai une soixantaine par semaine au lieu de deux ou trois par mois. Ce type-là fait vendre plus de livres que tous ses collègues critiques littéraires. " Des exemples, il y en aurait des tas. Les Carnets du grand chemin de Julien Gracq, La Génération lyrique de François Ricard, ou Rues de feu et Arizona Kiss, deux petits romans de série noire passés autrement complètement inaperçus du grand public. La Rivière du sixième jour, seul et unique roman d'un professeur américain de plus de 75 ans, s'est vendu au Québec comme nulle part ailleurs : Foglia avait beaucoup aimé.

Vous aurez de mes nouvelles, un petit recueil de nouvelles de Jean-Paul Dubois, journaliste au quotidien Le Monde, a provoqué une ruée telle qu'il a fallu en faire venir d'urgence de France. Mais quand sont arrivés de nouveaux titres du même auteur, raconte Françoise Careil - la libraire attitrée de Foglia -, de la Librairie du Square, plusieurs librairies, voulant prévoir le coup, en ont acheté des dizaines d'exemplaires. Qui leur sont restés sur les bras, Foglia s'étant montré plus tiède ! Pas fou, l'éditeur XYZ vient de lancer le format poche de Soigne ta chute de Flora Balsano avec, imprimé en quatrième de couverture, " c'est un livre qui entre dans la catégorie des "livres-que-j'aurais-voulu-écrire" ( un sur mille environ ) / Pierre Foglia ". Et Françoise Careil parle de certains éditeurs qui lui téléphonent pour lui demander de vendre tel ou tel de leurs titres à son influent client.

Il y a huit ans, Les Trois Marie, petit resto de quartier montréalais de la Petite Italie, à la cuisine et à la clientèle sans prétention, est devenu, après une chronique flatteuse, un haut lieu du jet-set décontracté. Les curieux du début s'étant souvent mués en habitués, la vie du petit établissement en a été bouleversée pour de bon. Même son de cloche chez Françoise et Yves Longères, qui ont vu le Relais champêtre, leur table familiale de Saint-Alexis-de-Montcalm, à 45 minutes de Montréal, envahi par les gros bonnets montréalais après une chronique enthousiaste en 1986. " Des gens souvent très snobs, racontent-ils. D'autant plus étonnant que lui est un gars très simple avec qui nous avions passé une très bonne soirée. "

Foglia a même déjà servi d'indicateur de tendances boursières, raconte un conseiller en placement qui, pour garder sa réputation de monsieur sérieux, préfère rester anonyme. Dans une chronique publiée début 1987 et intitulée La Macrame financière, Foglia parlait de la dangereuse fièvre boursière qui chauffait le Québec, prévenait le petit boursicoteur de salon qu'il risquait fort de s'y brûler les doigts. " J'ai utilisé cette chronique pour expliquer à mes clients que la Bourse n'était pas une loterie où on gagne à tous les coups, dit le conseiller. Six mois plus tard, le krach d'octobre est venu confirmer que j'avais raison et Foglia aussi ! "

La cause de tous ces remous se balade partout vêtu d'un vieux jean assorti d'un T-shirt où pâlit l'emblème des Olympiques de 1976 et même ses meilleurs amis ne lui connaissent pas une seule cravate. Il décline poliment toute demande d'entrevue ( " Un article sur moi dans L'actualité ? Quelle drôle d'idée ! C'est-tu Paré [le rédacteur en chef] qui vous a demandé ça ? " ). Il fuit les caméras de télévision et a refusé à plusieurs éditeurs québécois, dont Boréal, la permission de publier un recueil de ses chroniques, pourtant best-seller assuré. À La Presse, il a longtemps supplié qu'on cache sa chronique dans les petites annonces ou la page nécrologique. Et s'il peut évoquer, à 200 000 exemplaires, ses " séances de baise debout dans les toilettes de bar ", il lui a fallu des années pour montrer autre chose que son dos à ses lecteurs.

" Un snobisme extraordinaire ", note pourtant Suzanne Lévesque, l'animatrice de La Bande des six de Radio-Canada, une de ses victimes occasionnelles mais néanmoins lectrice. A-t-on besoin quelque part d'un juré original ou d'un invité baveux qu'on pense toujours à lui, raconte-t-elle. Mais il refuse toujours tout.

" La plus grande star que je connaisse, renchérit Richard Martineau, rédacteur en chef de l'hebdo montréalais Voir. Il est très habile, soigne son image comme une prima donna, alimente sa mystique. " Ce qui ne l'empêche pas, nuance son vieux copain Robert Duguay, lui aussi chroniqueur à La Presse, de se taper parfois 150 km pour aller donner une conférence ou un atelier à 30 jeunes d'une petite ville, en échange d'un cachet trop maigre pour couvrir ses dépenses d'essence.

À La Presse, Foglia a la réputation d'un bon camarade et passe pour la plus grande fouine de la salle de rédaction ( il n'a pas voulu accorder d'entrevue à L'actualité mais voulait bien, par contre, rencontrer la journaliste pour qu'elle lui raconte son reportage... ). Ses collègues le comparent avantageusement à son meilleur ennemi Réjean Tremblay, " dont l'ego passe difficilement dans la porte ". " Super-simple et très gentil ", dit le jeune journaliste Eric Trottier qui avoue devoir à Foglia sa vocation journalistique précoce.

Normalement, Foglia devrait pourtant exciter bien des jalousies. Il voyage plus que ses collègues de la section internationale, écrit de chez lui à Saint-Armand près de la frontière du Vermont mais dispose à La Presse d'un bureau fermé, où il ne met d'ailleurs jamais les pieds. Il arrive même qu'on lui offre un reportage à l'étranger, qu'il le refuse et que, plutôt que de l'offrir à quelqu'un d'autre, la direction préfère abandonner le projet. " C'est le meilleur, et tout le monde sait que ce qu'il fait, personne d'autre ne peut le faire ", dit Michel Blanchard, directeur des sports.

Talentueux, célèbre, adulé, Foglia n'est pourtant pas un virtuose à la plume bionique. " Je n'ai jamais vu un journaliste de quotidien écrire si lentement ", dit encore Michel Blanchard. " Quand, un samedi matin, vous ne trouvez pas sa chronique, ne vous imaginez pas qu'il a passé la veille à bummer partout, raconte Louis Falardeau, président du syndicat des journalistes et chef de pupitre occasionnel. Dites-vous plutôt que, la veille, vers 21 h 30, le chef de pupitre a reçu l'appel d'un Foglia inquiet et furieux, qui, après plus de 12 heures de travail, lui a dit " Je suis pas capable, ça sert à rien ". Et qu'il est, ce matin, plus déçu que ses lecteurs. "

Voilà qui devrait rassurer une fois pour toutes les nombreux fans convaincus qu'absence de chronique égale censure patronale ou paresse indécrottable du journaliste. Qu'ils se réjouissent leur idole travaille comme un cheval et écrit ce qu'il veut. À peine lui a-t-on demandé de ménager la susceptibilité religieuse de certains lecteurs, de ne pas commenter trop souvent le prix du gramme de coke et d'économiser les adjectifs scatologiques.

Son papier L'Émigré, où il racontait la mort de son père récemment, a fait verser des larmes à plus d'un Québécois. " Ce n'est pas qu'il ait vécu si vieux mon père. C'est qu'il a commencé à vivre très très tard. " Foglia racontait n'avoir pu se rendre à l'enterrement auquel n'ont assisté que quatre vieux. Mais... " Plus tard, cet été... J'aurai un bouquet à la main. Il y aura plein de monde dans les jardins. Le jour baissera, les croix s'allongeront sur le mur du cimetière. Dors bien l'émigré. "

" C'est un des meilleurs écrivains, pas journalistes, écrivains, qu'on a au Québec ", affirme Richard Martineau. Juré pour le prix Olivar-Asselin, que la Société Saint-Jean-Baptiste décerne chaque année à un journaliste québécois, le rédacteur en chef de Voir avait soumis le nom de Foglia en 1991. " Mais les collègues m'ont répliqué qu'il n'était pas vraiment journaliste ", conclut-il.

Ce faux journaliste a pourtant écrit des histoires dont tout le Québec se souvient, des années plus tard. Comme, en 1989, celle de Louise, coincée dans une sordide histoire de séparation, accusée par son ex-conjoint d'agresser sexuellement leur petite fille et poursuivie par trois tribunaux en même temps. Laurier Boucher, coordonnateur de toutes les directions de la protection de la jeunesse du Québec, reconnaît que la série L'Histoire de Louise a causé une profonde crise de confiance dans le système de la protection de la jeunesse et provoqué un certain remue-ménage dans les officines. " On s'est demandé comment on pouvait faire ça à du monde, dit-il aujourd'hui. On a remis certaines pratiques en question, modifié certaines procédures. Foglia a été dur mais a fait oeuvre utile. "

Son premier job de journaliste, il l'a décroché au milieu des années 60, au journal La Patrie qui se cherchait une belle plume. Mais c'est au Montréal-Matin, qui l'employait à toutes les sauces et où il a même couvert les funérailles de Pierre Laporte, qu'il a commencé sa vraie carrière de Foglia professionnel par une longue entrevue de Fanfreluche, un cheval de course assez connu à l'époque. Le petit monde du journalisme sportif, alors bien straight, en a parlé pendant des mois. En 1972, il passe à la section des sports de La Presse où ses papiers, qui traitent souvent de n'importe quoi et parfois même de sport, causent une vraie révolution. Contagieuse : " On s'est mis à faire n'importe quoi, je ne comprends pas que les patrons nous aient laissé faire " raconte Robert Duguay. Mais il parle d'athlétisme comme personne et son style accroche le lecteur. Jean Rafa nous a apporté la pétanque et Foglia nous a aidé à découvrir le vélo ", affirme un lecteur.

Jean Sisto, alors directeur de l'information, lui confie sa première chronique, Mon oeil sur le sport, qui deviendra ensuite Mon oeil tout court. Mais sa première chronique à ne pas porter sur les sports, il la publie dans L'actualité où, en 1976, à la demande du rédacteur en chef Jean Paré, il signe Foglia lousse durant quelques mois.

Il quitte les sports en 1977 pour devenir chef de division de la section Vivre aujourd'hui, les pages féminines de La Presse... Passage court mais très remarqué : alimentation, mode, décoration, il a voulu tout chambarder au point que, au bout de quelques mois, les journalistes de la division ont demandé sa mutation, à l'unanimité moins une voix ! " C'est un collègue charmant mais un patron exécrable, raconte Françoise Kayler. Il n'a pas l'esprit d'équipe, ne sait pas consulter et ne fait confiance à personne : il refaisait les entrevues derrière nous ! " Il a fallu des années pour cicatriser les relations entre Foglia et ses anciennes subalternes.

On lui a ensuite donné son " carré de sable " de la page A 5 où, depuis plus de 15 ans, il fait rire, réfléchir, pleurer. Et grincer des dents. Car même ses plus fidèles lecteurs lui trouvent parfois la plume despote. Il faut dire que le bonhomme peut faire mal. L'actualité a rencontré certaines victimes des foudres fogliennes qui toutes ont refusé de parler ouvertement de leur expérience. " Ce gars-là a mis mon commerce à terre pour des mois, raconte quelqu'un. Maintenant ça va mieux, les gens ont oublié et je ne veux pas qu'il reparle de nous. Le combat est trop inégal. Il frappe parfois à l'aveuglette, comme pour s'amuser. Et tu n'as aucun moyen de défense. "

De nombreux lecteurs disent détester Le Courrier du genou où Foglia répond à certains d'entre eux et pratique occasionnellement le règlement de comptes. " Il abuse parfois de son pouvoir, affirme un lecteur pourtant très fidèle. Quand un lecteur t'engueule, tu lui réponds personnellement ou tu encaisses en silence. Tu n'utilises pas ta position pour assommer les gens en public. "

Vengeons-nous. Parlons sans pitié de ce méchant qui se cache mais ne se prive pas souvent de parler des autres. Écoutons, pour une fois, ce qu'on dit de lui. Il paraît, bien qu'il s'en défende, qu'il ressemble à son personnage de chronique. Qu'il peut être aussi bête et méchant dans la vie que dans La Presse. Qu'il a un caractère de chien et un coeur d'or. Que l'enfer, c'est d'être au resto avec un Foglia qui n'a pas aimé son ris de veau. Qu'il est pourri à la télévision. Qu'il roule toujours en vieille " minoune ". Que, pour faire plaisir à un vieux copain felquiste, il aurait déjà transporté une bombe dans sa voiture. Que presque tous les quotidiens du Québec lui ont offert un job mais " qu'il est trop bien dans ses pantoufles de La Presse ". Qu'il s'est longtemps promené à vélo DANS la salle de rédaction de La Presse. Qu'il se découvre une maladie mortelle par semaine.

Qu'il peut bouder ses amis pendant six mois et même un an pour des vétilles et leur faire des " crises de commère ". Ce qui n'exclut nullement qu'il leur soit fidèle pendant 20 ans.

Comme à ses lecteurs, mon vieux.