Le mardi 19 mars 1996


En veux-tu des bonnes nouvelles?
Pierre Foglia, La Presse

On aime beaucoup la nouvelle présentation de La Presse . « On », nos lecteurs en général.

Et « on » inclut, ici, la personne qui parle. L'ex-typographe que je suis aime totalement, le journaliste avec quelques petites réserves. Il n'y a que vous, finalement, pour bougonner. Vous, lecteurs de cette chronique. Vous boudez les caractères, les titres, vous trouvez que le cahier des sports a l'air d'une circulaire, vous préfériez me lire sur la longueur, et quoi encore? Eh, oh, je vous rappelle que c'est moi le ronchonchon ici. Vous, vous êtes censés être de bonne humeur.

J'ai fondé cette chronique sur la très sérieuse boutade de Jules Renard : il ne suffit pas d'être heureux, encore faut-il que les autres soient malheureux. Depuis vingt ans, je m'efforce d'être malheureux pour votre plus grand bonheur. Je bougonne, je peste, j'engueule, je bouscule, je déprime, en me disant : « Qu'est-ce qu'ils doivent être bien quand ils ont fini de me lire. Comme mon chagrin doit les mettre en gaieté ».

Mais si vous renversez les rôles, me voilà fourré. Si vous vous mettez à bougonner, qu'est-ce que je vais faire, moi? Vous remonter le moral en vous donnant des bonnes nouvelles comme GM et Le Bigot?

Des bonnes nouvelles, hein?

Attendez un peu. Celle-ci peut-être...

Je connais quelqu'un qui travaille au Centre Le Royer à ville d'Anjou, une maison qui accueille une centaine de vieux et de vieilles plus ou moins grabataires, en perte d'autonomie, comme ils disent, quand ils sont complètement gâteux et qu'il faut leur mettre des couches. Bref, ce quelqu'un me raconte que la direction du centre Le Royer voulait faire des coupures. Les syndicats de la boîte, contre toute attente, ont répondu positivement aux projets patronaux. « OK, vous voulez réduire les dépenses? OK, on va regarder ça ensemble. Collaborons », ont-ils proposé.

C'est une bonne nouvelle non?

Ils ont collaboré. Mieux que ça, le syndicat a réussi à obtenir de la direction du Centre une remise (en argent) sur les économies réalisées. Une prime à la réduction des dépenses est versée au personnel sous forme de « tirage ». Tu m'aides à couper mille piastres sur la qualités des soins, je t'en redonne cent pour que tu t'achètes des bonbons. C'est flyé comme gestion, non?

L'employeur est heureux. Le syndicat est content. Restent les petits vieux. Vous devinez bien qu'ils n'ont pas un mot à dire là-dedans, même si c'est dans la qualité du service qu'on a coupé. Forcément. On n'a pas coupé dans les salaires de la direction, on n'a pas coupé dans les avantages des employés, il fallait bien couper quelque part.

Un petit exemple. Avant on changeait la couche des vieux quand elle était mouillée. Comme on fait pour les bébés. Maintenant, pour le pipi, c'est deux couches par service. Eh oui, les temps sont plus durs, mon ami. Et plus humides.

Évidemment, les petits vieux n'ont pas droit à la prime de réduction des dépenses. C'est normal aussi, les petits vieux c'est la matière première.

C'est comme dans une usine de valises, les valises n'ont pas droit à la prime de production...

Pour revenir au nouveau look de La Presse , vous avez noté, évidemment, que j'avais considérablement rafraichi ma garde-robe? Et ce n'est pas fini, vous me verrez cet été un p'tit corps en filet pour mettre en valeur mes pectoraux que j'ai beaucoup travaillés cet hiver... Je sais que Nathalie est en train d'essayer des maillots de bains en plumes de marabout, vous en aurez la chair de poule mon ami. Et Réjean Tremblay va se mettre les anneaux olympiques dans le nez, assorti d'un petit chapeau en poil de ragondin. Che bellissimo!

Sérieux, vous avez noté que j'avais changé de jours de parution? Le mardi au lieu du lundi, et les jeudi et samedi comme avant. Vous me faites penser que je ne me suis pas encore absenté une fois depuis la nouvelle Presse. Ça ne devrait plus tarder, là...

LA QUESTION - L'autre matin à la radio de Radio-Canada, la comédienne Mireille Deyglun. Question de l'animatrice :
- Mireille, on vous verra bientôt dans une série où vous apparaissez nue dans un lit avec un monsieur qui vous fait des choses. Comment réagit votre tendre époux devant ce genre de scène?

Bingo, le gros lot. Tous genres confondus, politique, sport, show bizz, c'est la question la plus nunuche, la plus tartignole de la profession. J'espère toujours qu'un jour, une actrice aura le guts de répondre :
- Mon tendre époux? Quand il me voit nue avec un autre homme? Ça l'excite assez qu'il s'c... comme un fou.
TROP - Les Forumeries sont finies. Y'en ont beurré épais, trouvez pas? Et envoye donc, repasse-moi donc le flambeau que je m'éclaire l'auréole.

Les temples délimitent un espace. On met ce qu'on veut dans cet espace : de la spiritualité, de la gloire, de la tradition, des flonflons, de l'imaginaire, name it... Mais à trop parler du temple, c'est lui qui finit par occuper l'espace qu'il est censé délimiter.

C'est lui, Molson.