Le mardi 11 novembre 1997


Ah non ! Pas les témoins de Jéhovah !
Pierre Foglia, La Presse

C'est ma fiancée qui dit ça quand elle les voit arriver au bout du chemin : " Ah non, pas encore les témoins de Jéhovah ! "

C'est moi qui les reçois. Ça se passe toujours très bien. Je leur dis en ouvrant la porte : " Ça ne m'intéresse pas, messieurs. " Il y en a toujours un, qui insiste, c'est écrit dans leur manuel : " Ne pas se laisser décourager par un premier refus. " J'élève un peu le ton, oh à peine, disons que je le clarifie en détachant bien les syllabes : " Ça-ne-m'in-té-resse-pas. "

C'est fini. Ils s'en vont. Ils ne m'ont pas dérangé deux minutes. C'est pour ça ne je ne comprends pas très bien ce qui s'est passé à Blainville en fin de semaine. La police ? Des amendes ? Un règlement municipal ?... Faites-moi rire avec votre règlement ! C'est pas dans votre boutte, à Sainte-Thérèse, Blainville, Sainte-Monique, Mirabel, tout ce coin-là que sont installés les Death Riders, le club école des Hells ? Avez-vous un règlement qui les empêche de rider dans votre cour ? Non ? Comment se fait-il ?

Le seul vrai reproche que l'on puisse faire aux témoins de Jéhovah, c'est de tout gâcher après avoir fait le plus difficile. Ils viennent à nous, cognent à notre porte, la porte s'ouvre, il pourrait alors arriver quelque chose de plutôt rare à notre époque : une rencontre entre humains. Mais il n'arrive rien parce qu'ils ne sont pas humains. " Je ne suis qu'un outil dans les mains de Dieu ", m'a dit un jour l'un d'eux et c'était vrai, il avait l'air d'un démonte-pneu.

Ce sont des robots de Dieu.

Ce sont des pruneaux dans le sirop de la religion.

Mais ne trouvez-vous pas un peu ridicule de faire des règlements municipaux contre des pruneaux dans le sirop ?

LA DÉMOCRATIE -

Je vous faisais l'autre jour le portrait d'un certain McCullock, candidat à la mairie de Lachine, grand inventeur du " lachinisme ", qui promettait à ses commettants plus de canal de Lachine et moins de tarte aux pommes.

Eh bien il a été élu mon vieux.

Drôle ? Oui pis non.

Il faudra bien qu'on convienne un jour que la démocratie est autre chose que la loi du nombre, qu'elle est fragile et compliquée. Et que lorsqu'on a à choisir entre le lachinisme et la tarte aux pommes, c'est respecter la démocratie que de ne pas aller voter.

REMERCIEMENTS -

Je n'ai jamais été un fan de Francine Grimaldi la critique, mais on ne peut certes pas reprocher à la journaliste culturelle de ne pas nous en avoir donné pour son cachet. On ne l'appelait pas la vadrouilleuse pour rien. Certains matins, elle nous parlait des trois conférences de presse qu'elle avait courues la veille, d'une pièce de théâtre, d'un film, d'un livre, elle pétillait tous azimuts, bien sûr ce n'était pas du " brut ", c'était un mousseux trop sucré, mais bon, 27 ans, c'est sûrement un record de bubulles...

Voici comment Radio-Canada a remercié Mme Grimaldi... " Puisque l'émission CBF-Bonjour prend fin le 22 août 1997, j'ai le regret de vous annoncer que le contrat qui vous lie à cette émission ne sera pas renouvelé. Je vous remercie de l'intérêt que vous avez manifesté pour notre radio. " C'est signé Yvan Asselin, directeur des émissions radio AM et FM.

Je vous remercie de DE L'INTÉRÊT QUE VOUS AVEZ MANIFESTÉ !

Je viens de recevoir, à ma demande, le catalogue d un fabricant de meubles du Vermont, une petite lettre probablement préimprimée l'accompagne : Dear P. Foglia, thank you for your interest in my furniture...

Je doute, M. Yvan Asselin, qu'on vous remercie un jour de la délicatesse que vous avez manifestée pour les vieux meubles...

Commentaire de Mme Grimaldi recueilli par ma consoeur Michaëlle Jean, qui signe l'entrevue dans Le 30 : " Je vais faire encadrer cette note, pur chef-d'oeuvre de l'époque que l'on traverse. Tous jetables ! "

La lucidité vous vient tard, madame.

LES MANGEZ-VOUS, CES BÊTES-LÀ ? -

Je me suis pogné hier avec des chasseurs dans un chemin de terre où s'était embourbé leur pick-up avec des spots sur le top et des marchepieds chromés. Après leur avoir donné le renseignement qu'ils demandaient, je me suis permis de leur préciser, parce que c'est vrai : " By the way les boys, vous n'avez pas le droit de chasser à la carabine de coté-ci du chemin Dutch ( la 235 ).

- C'est privé ?

- Ce n'est pas privé, c'est la zone 8. De Sorel à la frontière américaine, pas de chasse à la carabine à l'ouest de la 235. Poudre noire et arc seulement.

- Toé, tu dois être contre la chasse, m'a lancé l'un d'eux.

J'ai repris mon jogging sans répondre.

Je ne suis pas contre la chasse, je suis contre le rodéo en forêt, contre le Vietnam à côté de chez moi. Je ne suis pas contre les pick-ups, je suis contre les spots sur le top, les marchepieds chromés et la caisse de 24 en arrière.

Je n'ai rien contre la chasse. Je pourrais même avoir quelque chose pour, s'il était moins souvent question de votre coup de fusil et plus souvent de votre coup de fourchette. Cout'donc, les mangez-vous, ces bêtes-là ? Parlez-nous donc un peu de vos cuissots de chevreuils, de vos ragoûts de caribous, de vos terrines au porto...

Je n'ai rien contre la chasse, je pourrais même avoir quelque chose pour si vous m'invitiez plus souvent...

COUCOU MARIO -

Je ne sais plus quand c'était, mais c'est tout récent, le jeune gardien du Canadien, Jocelyn Thibault, s'est fait huer, une fois encore par la foule du Forum. Le commentaire de son instructeur, commentaire pertinent, comme M. Alain Vigneault en fait souvent, vous a peut-être échappé : " Jocelyn a fait face à beaucoup d'adversité depuis un an ou deux, sans jamais se plaindre, sans jamais blâmer personne... Jocelyn est un exemple pour toute la société, si plus de gens réagissaient comme lui devant les obstacles... "

Je vais remplir les points de suspension qu'a laissé traîner M. Vigneault : " Si plus de gens réagissaient comme lui quand ils ont des problèmes, ils ne passeraient pas leur temps à shooter de la marde à la grandeur de la planète pour dire " c'est pas de ma faute ".

Hein Mario ?

TÉLÉGRAMME -

À la dame qui " voit les hommes tomber sans savoir quoi faire pour les retenir " : c'est un malentendu, madame. La colère évoquée dans la chronique en cause était tournée vers moi, mais je reconnais que ce n'était pas très clair. Sincèrement désolé.