" Dire que Céline Dion est un produit pharmaceutique au goût saumâtre et aux effets secondaires fâcheux n'est pas un outrage, c'est un diagnostic... Refrains boiteux, inspiration indigente, elle a enregistré suffisamment de navets pour inaugurer un potager... "

C'est dans la dernière livraison de l'hebdo français L'Événement, ( autrefois L'Événement du jeudi ) sous la plume de Patrice Delbourg qui signe un reportage sulfureux sur " les poupées barbantes ". Il en nomme quatre, dont deux de chez nous, Céline Dion et Lara Fabian, qu'il appelle plaisamment les " Canada Dry ".

" Magicienne de l'insipide, orchestrations ronflantes, Lara Fabian est à la chanson ce que le savon noir est à la pâtisserie fine... Même ses amis murmurent qu'elle en fait trop. Devant une telle épidémie de néant, on a quand même un peu honte pour la chanson française. "

Mais alors collègue, comment expliquez-vous leur succès dans votre propre pays ? Comment expliquez-vous les foules qui se pressent à leurs spectacles ?

Et le collègue de répondre avec la même décapants impertinence : la preuve du Pire, c'est parfois la foule. Il y a aussi beaucoup de monde dans le métro à 6 h, mais c'est pas parce que le métro chante bien.

Dieu que ces choses-là font plaisir à entendre. On les dit ici aussi, mais c'est pas pareil. Quand on les dit ici, on a l'air jaloux. Anyway. J'espère que les Français ne vont pas se laisser influencer par cet article-là, qu'ils vont continuer à aimer Céline Dion et Lara Fabian, et à les garder chez eux deux ou trois mois par année, ça soulage. J'espère qu'ils vont continuer aussi de faire lire Victor Hugo à Plamondon. Je sais qu'ils viennent tout juste de découvrir Lynda Lemay. Good. Encore un petit effort et ils seront prêts à adopter aussi Sylvain Lelièvre.

2000 ANS D'INVENTIONS -

Quelle a été l'invention la plus importante des 2000 dernières années ? D'où est venu le progrès ? De la science ? De la technologie ? Des sciences humaines ? De la raison ? De l'espèce elle-même ?

La question a été posée sur le Net à une centaine de grosses têtes, genre Prix Nobel, physiciens, biologistes, philosophes, artistes, et quelques citoyens plus ordinaires comme vous et moi, mais surtout comme vous. Sans surprise, l'invention de l'imprimerie arrive en tête. Puis la pilule. L'électricité. L'avion. L'ordinateur. La télévision.

La réponse la plus étonnante, mais pas forcement la plus bête : le foin ! Freeman Dyson, un chercheur de Princeton dit qu'avant l'invention du foin, dans l'Antiquité grecque et romaine par exemple, la civilisation se développait seulement dans les contrées chaudes, là ou l'herbe poussait l'hiver. Pas d'herbe, pas de chevaux. Pas de chevaux, pas de civilisation urbaine. Ainsi, ce serait la découverte du foin et sa culture à la place de forêts qu'on coupait exprès pour le récolter, qui aurait permis à la civilisation de se développer au nord des Alpes. Paris, Londres, Berlin existent grâce au foin. C'est amusant comme idée, mais je me demande quand même si ce n'est pas une blague. Du foin, c'est bien de l'herbe coupée non ? Alors le gars qui a inventé le foin, ce ne serait pas le gars qui inventé la faux, par hasard ?

Si c'est lui, je le connais.

Ma réponse préférée au questionnaire du Net est celle du physicien Daniel Hillis qui prétend que l'invention la plus importante de ces 2000 ans de christianisme est le panier. Oui, oui, le machin pour mettre des trucs. Je ne sais pas trop comment traduire l'explication de Daniel Hillis : without something to gather into... sans quelque chose pour garder leurs trucs, Man and his Fiancée cannot have a gathering society of any complexity, l'Homme et sa fiancée vont passer leur vie à mettre leurs trucs dans un machin qui n'existe pas, les trucs vont tomber par terre, faudra les ramasser, ils vont retomber par terre, et l'humanité va perdre un temps fou et ne pourra même pas aller pique-niquer, comment tu veux aller pique-niquer sans panier ?

Vous savez qu'on a d'abord inventé le panier pour jouer au basketball, un panier percé donc, et c'est seulement après qu'on s'est dit tiens, si on y mettait un fond on pourrait aller aux cerises avec. Et faire des confitures. Et c'est ainsi que de la science vers l'esprit, de la maîtrise du concept vers la maîtrise totale de l'univers, l'Homme et sa fiancée, mais surtout l'homme devient Dieu petit à petit.

Parlant de Dieu, le neurophysiologiste William Calvin prétend que les deux inventions les plus déterminantes pour l'humanité au cours des 2000 dernières années, ont été le christianisme et l'islam. C'est bien ce que j'ai toujours pensé : de pures inventions.

Quant à moi, si vous me demandez mon avis, et que j'arrête de déconner cinq minutes, je vous dirai que les découvertes les plus déterminantes pour l'humanité depuis 2000 ans se font présentement dans le domaine de la génétique. La génétique nous dit chaque jour un peu plus que nos comportements, nos maladies, nos trajectoires dans la vie sont déterminés par des données naturelles incontournables.

Ce qui pose le droit à la différence. Là-dessus tout le monde s'entend.

Mais le vrai défi à l'entame du troisième millénaire sera de faire triompher l'idée que le droit à la différence ne doit absolument pas se traduire par une différence de droits. En particulier de droit au bonheur.

Et parlant du bonheur, la découverte la plus importante qu'on n'a pas faite au cours des 2000 dernières années, c'est justement le bonheur. On n'a même pas cherché.

APPEL À TOUS - Mon boss préféré me demande de lancer un appel à tous, un autre, pour la Saint-Valentin. Mon boss aimerait recevoir des petites histoires d'amour, très courtes, pas plus de 30 lignes, qui seront publiées dans La Presse, le dimanche de la Saint-Valentin.

Vous envoyez vos histoires ( seulement par courriel ) à general@lapresse.ca Laissez aussi votre numéro de téléphone, qu'on puisse vous joindre si on veut prendre une photo.

Si vous pouvez parler de cul ? Attendez, je lui demande. Boss, est-ce qu'ils peuvent parler de cul ?

Y dit oui, vous pouvez.

Petite parenthèse, il y a 20 ans quand j'ai commencé à écrire cette chronique, j étais gêné d'être en page cinq au milieu des nouvelles, et j'avais demandé, très sérieusement, d'être publié dans les petites annonces. Ils avaient refusé. Vingt ans plus tard, les v'là qui publient les petites annonces dans ma chronique.

Hé boss, si t'as des vieux pneus à vendre. Tu me le dis, pas de gêne, j'te fais une petite place samedi prochain.