Le jeudi 6 mai 1999


Pas un mot à redire
Pierre Foglia, La Presse

Il y a quelques années, un intellectuel que j'asticotais parfois dans cette chronique, m'a consacré presque tout un livre pour dire que j'étais un... anti-intellectuel.

Ce qui n'est pas vrai.

Mais ce qui n'est pas faux non plus.

Autant je suis fasciné par l'intelligence des intellectuels, et pénétré de l'indispensabilité de leur travail théorique, autant je me réjouis de les voir s'élever au-dessus des débats vous ne m'avez jamais entendu et ne m'entendrez jamais traiter les intellectuels de " pelleteux de nuages " -, autant je suis convaincu que l'abstraction est ce qui sépare l'homme de la bête, autant le travail des idées m'impressionne et me séduit, autant la hauteur d'où elles tombent, ces idées, me fait souvent très chier. Et de ce point de vue, oui, je suis un anti-intellectuel.

Je rencontre une amie l'autre soir, pas vue depuis longtemps, je lui demande ce qu'elle devient, elle me dit je travaille avec René-Daniel Dubois...

Wouache, il est puant, ce type !

Non, non, elle proteste. Il est très brillant.

Brillant peut-être, mais un peu chiant, non?

Ben, finit-elle par concéder, les gens brillants sont toujours un peu chiants, non ?

Pas d'accord. Pas obligé de laisser tomber ses idées comme des briques sur la tête du monde. Pas nécessaire de dénoncer la pensée unique pour la remplacer par la sienne. Pas obligé de nous saouler de mots comme Finkielkraut l'autre soir à la télé... Je suis très souvent d'accord avec ce que disent, écrivent les intellectuels. Surtout d'accord avec la toute première de leur revendication : la trop petite place qu'occupe la pensée ( et la culture ) dans la cité. Pas un mot à redire à cela. Mais, c'est leur posture qui m'énerve. Leur façon de mettre en scène leur intelligence. Cette impression qu'ils donnent souvent d'avoir plus envie de briller que de convaincre et de changer les choses. Cette manie, aussi, qu'ils ont de déclarer anti-intellectuelle toute personne qui les conteste en moins de temps qu'il n'en faut au B'nai Brith pour déclarer antisémite n'importe quel nationaliste québécois

Celui qui incarne pour pour moi le boutte du boutte de l'imprécation cabotine, la caricature de l'intellectuel qui brille de la tête et qui pue de la gueule, c'est le philosophe français Bemard-Henri Lévy qui signe une chronique dans la revue Le Point. Auteur d'essais, de films, Lévy est le grand prêtre qui décide, en France, qui est fasciste et qui ne l'est pas. Lévy s'applique tout spécialement à traquer les démons et les tentations irrationnelles du peuple. Ah le peuple ! Cette lie. Comme tout irait mieux sans le peuple. Surtout le petit. C'est le credo de la nouvelle philosophie qui n'est plus si nouvelle d'ailleurs.

Un soir, à Tirana, en Albanie, je prenais une bière avec des confrères au restaurant de l'hôtel California, quand Bernard-Henri Lévy est arrivé accompagné d'un monsieur. Le maître s'arrête soudain au seuil de la salle à manger, se tâte les poches comme quelqu'un qui a perdu quelque chose, et se tournant vers le monsieur qui l'accompagne, lui dit : " Je crois que j'ai laissé mon carnet dans l'auto, iris-tu me le chercher ? "

J'ai failli éclater de rire. Je ne l'imaginais pas autrement : prince accompagné de biographe, cherchant son carnet pour y consigner quelque nouveau totalitarisme. Voyons, dayousque j'ai mis mon carnet ? Irais-tu me le chercher Gaston ? Et tandis que le fidèle Gaston filait faire sa commission, le maître entrait dans la salle du California comme on entre au Panthéon.

Quelques jours plus tard, je lisais son billet dans Le Point. J'ai tiqué légèrement en voyant le titre : " Réveiller le peuple serbe, le délivrer de lui-même et de son cauchemar ", je me suis demandé comment un type qui n'est pas foutu d'aller chercher son carnet tout seul dans l'auto allait s'y prendre pour réveiller tout un peuple et le délivrer de lui-même et de son cauchemar, eh bien mon vieux, je m'inquiétais pour rien. C'est un billet brillant. Absolument.

Pas un mot à redire.

UNE JOLIE POITRINE - C'était dans La Presse de mardi, un titre sur deux branches : " Les femmes sont majoritairement insatisfaites de leur poitrine ".

Selon un sondage publié dans la Gazette des femmes, la voix officielle du Conseil du statut de la femme, " 92 % des femmes se disent insatisfaites de leur poitrine ".

Vous voulez que je vous dise quelque chose, les filles ? Vous ne vous fâcherez pas, promis ? Vous avez raison. Vos seins font pitié. Ils ne sont même pas symétriques, et ça, c'est épouvantable. Saviez-vous que l'on jugeait une belle poitrine à sa symétrie ?

Non bien sûr, vous ne le saviez pas. Mais je ne ferai pas le malin avec vous. Je ne le savais pas non plus jusqu'à la semaine dernière. Dans des circonstances que je vous raconterai une autre fois, j'ai mis la main, la semaine dernière, sur un vieux livre qui s'intitule Le savoir-faire en amour et la technique sexuelle. Et en sous-titre : " Ouvrage d'art, hors commerce, strictement réservé aux adultes ". Imprimé en Suisse. Avec un cadenas et une strape qui permettent de le fermer pour que les enfants n'aillent pas y mettre leur nez. Un trésor. Des images, des croquis. Le cul avant la révolution sexuelle en 950 chapitres.

Chapitre 422 : une jolie poitrine.

Une jolie poitrine se juge à la position des mamelons : la femme se tenant debout et nue, les bras au repos le long du corps, ses deux mamelons doivent présenter entre eux une distance égale à celle les séparant de la fossette du cou, ces trois points réunie formant un triangle équilatéral de 20 cm de côté ( figure 1 ).

Vers le bas, les mamelons doivent former avec le nombril, un triangle isocèle dont les côtés mesurent 25 cm ( figure 2 )

Chapitre 427. La femme sans poitrine.

La femme sans poitrine est comme un lit sans oreillers. Elle souffrira toujours d'une telle carence et ce n'est certainement pas le soutien-gorge à bonnets compensateurs qui remplira la main vide de son partenaire. Mais l'amour peut parfois accomplir des miracles. On a vu des femmes avec des seins comme des boutons finir par avoir une jolie poitrine lorsqu'elles sont assidûment aimées.

Vous ai-je dit que cet ouvrage visait à la pérennité du couple ? Nous y reviendrons, pour votre épanouissement personnel, et pour celui de votre fiancée.