Quelqu'un me rapporte que Pierre Bourgault, dans sa chronique du Journal de Montréal aurait planté le pédopsychiatre Pierre Mailloux de la très écoutée émission de CKAC, Un psy à l'écoute. On me rapporte aussi que l'équipe de C'est bien meilleur le matin aurait chaudement et unanimement applaudi la chose. Je n'ai ni lu le premier, ni entendu les seconds, mais avant qu'on me traite d'ermite, je précise que je lis le Journal de Montréal au café Italia - mais je n'y suis pas allé ce jour-là- et que j'écouterais volontiers C'est bien meilleur le matin si leur émetteur était assez puissant pour émettre à Saint-Armand, mais je n'insiste pas, pour en savoir plus au sujet de l'émetteur de Radio-Canada, lire les 83 chroniques que Mme Gagnon a récemment consacrées à la radio numérique.

Qu'est-ce qu'on disait ? Ah oui, le docteur Mailloux. Je l'écoute parce que je suis souvent dans mon auto à cette heure-là, mais aussi parce qu'au même moment Radio-Canada diffuse une autre merdique émission de chansons dont elle a le secret ; à Radio-Canada la Danse des canards n'en finit jamais.

Mais j'écoute surtout le Dr Pierre Mailloux parce qu'il est fascinant. D'abord, c'est un vrai psy, pas un charlatan nouvel âge, et ça c'est plutôt nouveau à la radio privée. Si vous ne me croyez pas, écoutez le morron qui sévit à CKVL, vous allez comprendre ce que je veux dire. Pour un docteur de l'enfance, le Dr Mailloux n'est ni lénifiant, ni ti-nen-fants, ni family correct, et ça c'est encore plus rare dans une émission grand public. Si vous ne me croyez pas, écoutez l'épaisse qui milite pour la paix des foyers à ses côtés (en rêvant de prendre sa place), vous allez comprendre ce que je veux dire.

Une auditrice : Docteur, mon petit-fils de quatre ans ne va pas encore à la toilette tout seul, est-ce grave ?

Mailloux : Vous êtes la grand-mère ?

L'auditrice: C'est ça oui.

Mailloux: Alors mêlez-vous donc de vos affaires !

Baveux, parfois brutal. Cabotin sans doute un peu. Mais pas racoleur. La provocation n'est pas gratuite, le conseil vaut pour tous les grand-parents à l'écoute, on ne presse plus les petits-enfants d'être « propres » comme dans leur temps. Baveux, mais pas pute, ni épicier, Mailloux ne vend aucune soupe, aucune religion, aucun livre, aucune tisane. Et ça madame, c'est extraordinairement inespéré dans ce genre d'émission.

Sur le même sujet pipi-popo (qui revient souvent), il répondrait à la mère de ne pas brusquer les choses, il expliquerait les risques de perturber l'enfant en le pressant. Baveux, mais pratique. Et soucieux de bien conseiller. On devine qu'il aime passionnément cette médecine publique qu'il administre vigoureusement.

Bref, le docteur Mailloux est, je crois, un bon docteur. Mais c'est un psychiatre. Personne n'est parfait.

Je vous explique. Pour moi un psychiatre c'est un garagiste. Je ne fonctionne pas, je vais le voir, il lève le capot, il dit bon t'as une soupape de coincée, faut démonter. OK. Supposons maintenant, et ce n'est pas vraiment une supposition, que j'ai une soupape de coincée, mais que je fonctionne. Alors je n'irai pas voir de psychiatre, vous me suivez ? Ce qui fait le fucké, ce ne sont pas ses bibites, c'est son incapacité à vivre avec. Si je vis bien avec mes bibites, je n'ai pas de raison d'aller voir un foutu psychiatre. Ce qui ne m'empêche pas d'écouter le Dr Mailloux dans mon auto en allant travailler. Pour le fun.

Bonjour docteur Mailloux, félicitations pour votre programme, je vous appelle parce que je crois que j'ai une soupape de coincée...

Le psy donne un coup d'oeil sous le capot du gars qui vient d'appeler et se met à l'engueuler : c'est grave mon ami. Dépêchez-vous de rentrer au garage, quand on a une soupape coincée comme la vôtre, on n'a pas le droit de rester dans le trafic, vous êtes un danger public.

Comment pensez-vous que je réagis en entendant ça dans mon auto : eh oui, je le prends personnel, comme on dit. Je crie primal. Hé le psy, je t'ai rien demandé, fais-moi pas chier.

C'est ce que j'aime le moins des psys : quand, à travers un fucké, ils décident de soigner le monde entier. Quand ils suivent le livre. Ils ont plein de livres, c'est écrit dedans : Père manquant ? Fils manqué. Maman poilue ? Fils végétarien. Papa freudien ? La fille donnera des cours de plongée sous-marine. Maman obaise ? La fille sera complètement nulle en orthographe.

Sur l'éducation, sur la sexualité, sur l'amour, le docteur Mailloux a des vérités livresques de nord-américain blanc qui charge 112 $ la demi-heure de consultation. Un jour je vais aller lui parler de ma maman qui m'envoyait ramasser ses serviettes sanitaires sur la corde à linge quand elles étaient sèches; je demanderai au docteur Mailloux s'il croit que c'est à cause de ça, qu'un jour, à l'école, pendant l'heure de dessin, l'instituteur nous ayant dit qu'on avait le droit de dessiner ce qu'on voulait, j'avais dessiné une rose fanée dans un bidet.

Anyway.

LA CHANSON DU JEUDI - Hassen Ouaniche (d'origine tunisienne) est gardien de prison au centre de détention provincial de Rivière-des-Prairles. Le 11 novembre dernier, comme beaucoup de gens, il arborait sur son uniforme le petit coquelicot rouge commémorant l'armistice de la Première Guerre mondiale (14-18).

Vint à passer Michel Prévost, directeur adioint de la prison. « Enlevez-moi ça », dit-il à Ouaniche en désignant le coquelicot, « enlevez-moi ça, ce n'est pas conforme à l'uniforme des agents de la paix ».

J'ai appelé M. Prévost pour lui demander ce qu'il avait contre le coquelicot du jour du Souvenir, il m'a fait dire qu'il n'était pas là, et que de toute façon, pour ce genre d'information, je devais passer par M. Jacques Dutil, agent de relations publiques, au ministère de la Sécurité publique à Québec. Mais il n'était pas là non plus.

Cela m'embête un peu pour monsieur Ouaniche qui m'a envoyé sa gratitude anticipée et un, même, je cite, un chaleureux remerciement pour votre haute compréhension quant à mon indignation. Vous me voyez bien embarrassé de vos compliments par avance M. Ouaniche, aimeriez-vous que je vous chante une petite chanson militaire en arabe pour me dédouaner ?

Allah Allah oued
Sidi Bel-Abbès, couscous,
les bicyclettes
Allah Allah oued
Moi tout bouffer
les cacahouètes