Le mardi 6 juillet 1999


Chutes
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Je vous avais dit que ce serait Cipollini ou Tom Steels à Saint-Nazaire. Ce fut Steels. Cipo, troisième.

Par contre, je n'avais pas prévu les chutes. Une première chute, générale, a laissé sur le carreau un de mes coureurs favoris, le jeune Américain Jonathan Vaughters, vainqueur du Grand Prix de Beauce il y a deux ans. Sévèrement touché au visage, il a dû abandonner.

Ces choses-là arrivent souvent à cause de la pluie, comme hier. Un coureur tombe. Les autres dérapent sur la chaussée mouillée. Les vélos s'empilent, s'enchevêtrent dans une forêt de guidons, de bras et de jambes. Les soigneurs courent partout en brandissant des ciseaux (pour couper les cuissards déchirés), les mécanos apportent des roues, on redresse les guidons, on colle du sparadrap, on remonte en selle, l'extraordinaire c'est que tout le monde repart, sauf un ou deux trop amochés. Hier, Jonathan Vaughters.

Une seconde chute, mineure, devait couper le peloton en deux un peu plus loin. Ces choses-là arrivent à cause du vent. Un coureur fait une chute au milieu du peloton. Derrière ça freine, ça met pied à terre, la chute générale est évitée, mais quand ça repart, ceux de devant sont déjà loin. Pas si loin mais à cause du vent, c'est fini, le trou est fait. Trois favoris, Zuelle, Boogerd, Gotti, étaient piégés derrière, alors forcément, devant ils ont roulé pour tuer. Six minutes qu'ils ont pris. Aussi bien dire que Zuelle, Gotti et Boogerd ont perdu le Tour hier.

Ils étaient partis pour une balade tranquille entre Challans et Saint-Nazaire, ça s'est terminé en embuscade. C'est comme dans la vie aussi, ça commence comme, une belle journée d'été, ça finit en verglas, pas d'électricité.