Le mercredi 7 juillet 1999


Du style
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Encore Tom Steels. Sa deuxième étape de suite.

Que met-il donc sur ses toasts ce petit taureau Belge ? Rien que les autres ne mettent aussi, soyez-en assurés. Probablement de la trinitrine, le vasodilatateur qu'utilisent les sprinters. En plus du reste. En plus des hormones pour se faire des cuisses et des mollets. Les sprinters ont des cuisses comme des gigots de brontosaures et des mollets parfois si noueux qu'ils ne peuvent pas installer de porte-bidon sur le tube central, ils se blesseraient le mollet dessus. Ce n'est pas une blague, c'est le cas entre autres du jeune Français Jimmy Casper, qui a terminé sixième hier à Laval.

Anyway, comment se passe la journée d'un sprinter dans une étape de plat comme celle d'hier et comme les quatre prochaines ?

Ça se passe dans le peloton, à l'abri du vent, pour les 180 premiers kilomètres. On commence à voir les sprinters remonter en tête à 20 km de l'arrivée. En tête du peloton, à ce moment-là, on trouve les équipiers des sprinters, ils viennent d'accélérer à 50, 55 km/h. Essayez donc de sortir d'un peloton qui roule à 55km/h. C'est exactement le but visé : que personne ne sorte.

Reste cinq kilomètres. Et les sprinters n'ont toujours pas commencé leur journée de travail. Ils sont encore dans la roue de leurs équipiers.

Reste un kilomètre. Non. Ce n'est pas encore le moment. Au kilomètre entrent en scène « les lanceurs », deux spécialistes recrutés spécialement pour lancer le sprint du maître. Les lanceurs de Tom Steels dans ce tour sont deux Italiens, Davide Bramati et Gianni Farasin.

Reste 300 mètres. Farasin s'écarte. Maintenant ! Steels jaillit. Et gagne avec style.