Le jeudi 8 juillet 1999


L'eau claire
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Un Tour à l'eau claire, disent-lis, depuis le début. Et tant pis, si ça va un peu moins vite, disaient-ils aussi. La santé des coureurs d'abord.

Hier, entre Laval et Blois, 200 kilomètres, les coureurs ont roulé à plus de 50 de moyenne. Je fais pas ça avec mon auto. C'est une vieille auto et ils ont des bicycles tout neufs, OK. Ils avaient aussi le vent dans le dos, correct. Reste que plus de 50 km/ h DE MOYENNE sur 200 kilomètres, c'est un sprint de 200 kilomètres !

Tant pis si ça va un peu moins vite, disaient-ils. Oh yeah ? Ils ne sont jamais allés aussi vite. Ils ont couru, hier, l'étape la plus rapide de toute l'histoire du Tour de France.

Et attendez, c'est pas tout, ils étaient si peu fatigués qu'en arrivant à Blois il y en a qui ont dit: chiche on va bouffer à Paris ! Ils ont remis de l'eau claire dans leurs bidons et ils sont allés manger une fricassée de rognons de mouton chez Marcel à la Porte d'Italie, 150 kilomètres plus loin.

Y'en a d'autres qu'avaient pas faim, ils sont allés au château - il y a un grand château à Blois - et ils se sont mis à tourner autour de la fontaine du château, ils tournaient encore à minuit quand la police, les pompiers et les infirmiers de l'hôpital psychiatrique sont venus leur faire signe que c'était fini. Stop. Arrêtez les boys. Vous êtes arrivés, allez vous coucher.

La direction du Tour a expliqué que cet étrange comportement était dû à la stupéfiante quantité d'eau claire que les coureurs absorbent depuis le début du Tour.

C'est qu'ils n'ont pas l'habitude, vous comprenez ?

En tout cas moi je mettais du jus de pomme dans mon bidon. C'est fini. De l'eau claire à partir d'aujourd'hui. Accrochez-vous, les boys !