Le jeudi 15 juillet 1999


Allez Richard !
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

L'Alpe d'Huez devait être belle avant qu'on en fasse une station de ski. C'est maintenant la montagne la plus vulgaire de France, avec plein de condos en haut et un grand boulevard en lacets pour y grimper. Il eût été amusant que Richard Virenque arrivât le premier en haut de ce boulevard hier, parce que hier c'était le 14 juillet, ainsi on aurait tout eu en même temps, la légende, la rédemption, les flonflons, la vulgarité.

Le Tour de France c'est beaucoup la vulgarité, c'est beaucoup l'Alpe d'Huez, le Puy du Fou, le Futuroscope, ces parcs d'amusement pour affairistes bougalous. Le Tour c'est beaucoup le lyrisme pompier de Richard Virenque.

Virenque projetait une victoire à l'Alpe d'Huez ce 14 juillet pour en faire cadeau à la France. Il n'est même pas passé proche. Sur le site internet de Vélo News (où on peut suivre la course km par km) on rapporte qu'il s'accrochait difficilement au petit groupe de tête dans les derniers lacets. Quand l'EPO ne lui sort pas par les narines, Virenque est un honnête grimpeur sans plus. Même chargé, c'est pas Pantani.

Avant qu'il ne se retrouve au centre de l'affaire que l'on sait, on pouvait déjà se demander ce que la France profonde trouvait à ce petit vaniteux. Depuis l'affaire, il a fait un fou de lui, il a renié ses amis, on le moque tous les jours dans toutes les gazettes de France et de Navarre et pourtant les Français l'adorent plus que jamais. C'est à n'y rien comprendre, à moins...

À moins que l'affection que les Français portent à Virenque participe de la même rébellion du public contre les médias qui nous a valu ici, par exemple, la réélection du maire Bourque. Plus on dit qu'ils sont nuls, plus le public les aime.

Ben cout'donc ! Allez Virenque. Allez Bourque. Allez Réjean (et les Expos).