Le samedi 17 juillet 1999


Les bretelles de Jean-Marie
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

On pourrait aisément prendre congé du Tour de France jusqu'à mardi. Aujourd'hui et demain, ce sont deux étapes pour baroudeurs de second plan que Lance Armstrong laissera s'échapper bien volontiers, d'abord parce qu'ils ne seront pas menaçants au classement général, et puis parce qu'il faut bien que tout le monde gagne sa vie.

Lundi, repos avant les deux étapes pyrénéennes dans lesquelles il ne se passera rien non plus, Amstrong a assommé toute opposition, plus tôt cette semaine, dans la montée vers Sestrières, et le lendemain en sifflotant comme un facteur dans l'Alpe d'Huez, tiens comme Jacques Tati dans Jour de Fête.

Après les Pyrénées on reverra les sprinters dans la morne plaine, en fait on reverra surtout Tom Steels puisque Cipollini et Kirsipuu sont rentrés à la maison. Bref, on pourrait aisément prendre congé du Tour de France jusqu'à Paris et même jusqu'à l'année prochaine puisque c'est fini.

Mais on se priverait alors de l'un des plus formidables pétages de bretelles sportif du siècle, je parle de celui de Jean-Marie Leblanc, le directeur du Tour qui a d'ailleurs commencé à plastronner sur le ton de « Ah ah, je vous l'avais bien dit qu'il ne fallait pas arrêter le Tour de France » !

Il disait hier que la sérénité était revenue dans ce Tour purifié par le cancer des testicules de Lance Armstrong. Il disait aussi que Virenque le surprenait par sa grandeur d'âme. Il disait enfin que l'EPO avait presque complètement disparu du peloton.

Et il reste huit jours avant Paris !

Tandis que je vous écris je regarde Zézette dans le jardin, elle vient de finir de chier et elle gratte fébrilement pour enterrer sa merde. Je crois que je vais appeler mon prochain chat, Jean-Marie.