Le lundi 19 juillet 1999


Rien
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Des esprits chagrin, j'en connais, ne manqueront pas de ressortir mes choix du début du Tour de France en ricanant bêtement: Oh oh, Vinokourov premier ! Virenque second ! Puis Julich, Savoldelli et Boogerd ! Julich et Savoldelli ont abandonné. Et Boogerd est 43ème à 46 minutes ! 46 minutes, hi hi !

Je vous en prie.

J'ai largement fait amende honorable depuis que Lance Armstrong a enchaîné ses deux victoires, le contre-la-montre et Sestrières. Depuis Sestrières, le Tour de France m'est apparu dans sa totalité, comme du haut d'une navette spatiale, j'ai vu ce qui allait se passer jusqu'à Paris, c'est-à-dire à peu près rien, je vous l'ai écrit dans cette chronique, et si vous étiez un peu moins cheap, vous admetteriez que je n'ai peut-être pas le don de clairvoyance, mais j'ai du discernement. Oui madame, du discernement. C'est d'ailleurs la valeur ajoutée à cette chronique: le dis-cer-ne-ment.

Qu'est-ce qu'on disait donc ? Ah oui, on disait rien. Eh bien je vais continuer, je vais vous parler de ces Français qui font des crises de nerf dans ma boîte vocale, fâchés qu'ils sont de mes propos sur L'Alpe-d'Huez et sur Richard Virenque. Pour ceux qui auraient manqué la chronique, je résume, j'ai dit que l'Alpe-d'Huez était une montagne de merde et Richard Virenque aussi. Je sais très bien qu'il y a plein de Français qui aiment Virenque. C'est normal. On prend toujours pour héros des gens de même nature que soi, mais plus gros. Moi je suis journaliste, mon héros c'est Réjean Tremblay. Si j'étais catholique ce serait le pape. Si j'étais un veau ce serait Laura Fabian. Si j'étais une carotte ce serait un lapin. Vous avez compris le principe, quand on est un petit tas de marde on s'identifie à un plus gros, c'est tout.

Bon, les Français vont être contents, demain j'écris pas. Allez, je vous embrasse. Si si j'insiste.