Le samedi 24 juillet 1999


La longitude
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Ainsi, les Français ne gagneront pas une seule étape de leur Tour de France. Et la chose - nous disent les petits comiques - s'expliquerait par le fait que le cyclisme français est dans un creux de vague. Mon oeil !

Si les coureurs Français ont connu une saison affreuse et un Tour désastreux, c'est tout simplement qu'en France les contrôles anti doping sont dix fois plus rigoureux que partout ailleurs. Les coureurs Français sont moins bons qu'avant, parce qu'ils sont moins dopés qu'avant, c'est pas plus compliqué que ça.

Les coureurs Français sont soumis à un suivi médical connu sous le nom de « suivi longitudinal » qui consiste en des examens aux trois mois, permettant de relever toute anomalie dans l'état général des coureurs. Au lieu de chercher vainement des traces de dope (indétectable de toute façon), en France, on dresse un bilan de santé complet du coureur qui fait ressortir les anomalies comme par exemple, une augmentation suspecte de globules rouges, un taux anormal de ferritine ou de cortisone, ce sont là des signes certains que le coureur prend autre chose que des vitamines.

Résultat de cette rigueur longitudinale : les Français ne gagneront pas une seule étape du Tour de France, même une toute petite comme celle d'hier, parfaite illustration d'un cyclisme et d'un Tour à deux vitesses.

Je vous résume. 13 échappés qui ne peuvent plus être rejoints dont cinq Français parmi lesquels François Simon et Jean-Cyril Robin, deux excellents coureurs. À 4 kilomètres de l'arrivée, l'italien complètement inconnu Gianpaolo Mondini place une attaque, prend cent mètres et... et les garde jusqu'à la ligne. Mondini gagne avec trois secondes d'avance. Hé, ho, c'est pas Armstrong, Mondini. Il n'a jamais rien gagné de sa vie. Même que l'an dernier il courait pour l'équipe du Vatican, c'est pas une blague. Et tout d'un coup voilà ce total nobody capable de résister, pendant quatre kilomètres, à cing Français déchaînés par l'urgence d'en gagner au moins une ?

Je vais vous dire, il avait un sacré pétard dans le cul l'Italien. Et les Français ? Ils l'avaient de travers les Français. Ils l'avaient longitudinal.