Le jeudi 11 mai 2000


Une question toute simple
Pierre Foglia, La Presse

J'ai déjà posé cette question. Personne ne m'ayant répondu, je la repose. C'est une question toute simple (trop simple ?) :
Y a-t-il assez d'amateurs de baseball dans le grand Montréal pour faire vivre une équipe des ligues majeures ?

Non, ce n'est pas une question « loadée », comme on dit dans le métier. Je ne viens pas de jeter, mine de rien, un coup d'oeil hypocrite sur la dernière ligne du sommaire du match de lundi entre les Expos et les Phillies, mais puisque vous en parlez, je vous la lis tout de même, cette dernière ligne du box score de lundi: « Assistance 8845 ».



Ri-di-cu-le. Je répète ma question avec un petit doute dans la voix: Y a-t-il assez d'amateurs de baseball dans le grand Montréal pour faire vivre une équipe des ligues majeures?

Si oui, construisons ce foutu stade et n'en parlons plus. Sinon, bye bye! Personnellement, croyez-moi ou pas, je ne souhaite pas le départ des Expos. Je m'en fiche. Et justement, j'aimerais bien que ce soit à des gens qui s'en fichent autant que moi que l'on confie la tâche de compter les amateurs de baseball du grand Montréal. Ça s'appelle une étude de marché. Ça sert à évaluer la clientèle potentielle pour le nouveau truc qu'on veut vendre, et si ça vaut la peine de le fabriquer. C'est presque aussi scientifique qu'un sondage.

Je suis tanné d'entendre dire que les amateurs de baseball attendent qu'on leur construise un nouveau stade pour se man!fèster. Pourquoi un lundi soir de pluie, idéal pour aller voir un match de baseball dans un stade couvert, pourquoi seulement 8845 ridicules spectateurs ? Alors que les Expos sont actuellement une des meilleures équipes des ligues majeures, et que Vladimir Guerrero, tout le monde l'écrit, vaut à lui seul le prix du billet.

Les Expos se sont fixé un objectif de 1,6 million de spectateurs pour cette année. Des aboyeurs professionnels qui se prennent pour des journalistes sont en train d'en faire une campagne du genre Centraide. « Allez au stade, il faut sauver nos Expos ». Je suis tanné des rararas. C'est pas un jamboree scout. C'est pas affaire de bons sentiments.

Je suis tanné aussi de la guerre de mots entre les gens qui soutiennent qu'une equipe dans les ligues maieures est indispensable au prestige d'une grande ville, et ceux qui répondent par des études démontrant que les retombées du sport professionnel sur son environnement sont pratiquement nulles. Peut-on s'entendre sur un truc ? Si les Expos restent, c'est bien. S'ils partent, c'est bien aussi.

Je suis encore plus tanné de la chicane « on-a-déjà-un-stade-qui-nous-a-coûté-assez-cher-on-n'est-pas-pour-en-construire-un- deuxième ». C'est comme si vous refusiez d'acheter une raquette de tennis à votre fils sous prétexte qu'il a déjà une bicyclette. Dites-lui que vous n'avez pas d'argent. Dites-lui que vous pensez qu'il ne jouera pas avec sa raquette, que c'est juste un caprice. Mais ne lui dites pas qu'il a déjà un vélo, Ça n'a rien a voir.

Je suis tanné du débat utilitaire (et moraliste sous-jacent), du débat économique, du débat publicitaire (Ah! Etre ou ne pas être sur la map !). C'est un jeu, nom de Dieu. Les sport c'est pour survivre entre les repas, disait Camus, le sport c'est pour survivre entre les repas sans fixer éternellement la mort. Bref c'est pour s'amuser.

Il ne s'agit que de compter les gens que ça amuse pour savoir si on peut, ou pas, se payer ce jeu-là.

C'est tout.

PARLONS DE VRAI SPORT - Je ne vous ai rien dit quand vous avez déliré que Vince Carter - c'est du basket de la NBA - que Vince Carter disiez-vous, l'ailier des Raptors de Toronto, oh là là attention, quel phénomène ! Je ne vous ai rien dit, mais je vous ai trouvé bien pressés d'élire un successeur à Jordan et pas très sérieux dans vos recherches. Allen Iverson à Philadelphie vous connaissez? Mais surtout Kobe Bryant, avec les Lakers. Vingt et un ans comme Carter. Pas un créateur. Pas la fluidité de Jordan. Un finisseur. Vitesse, incision, punch. Sur le parquet, Bryant bouge comme une boule dans une machine à boules : flabbergastant. Anyway, je voulais vous dire de ne pas manquer l'événement sportif de ce printemps: la série à venir entre les Lakers et Portland.

Choc au centre très attendu entre deux monstres : Sabonis-O'Neal. Mais surtout, l'incroyable métamorphose des Lakers. Jusqu'à l'an dernier, les Lakers représentaient le plus grand gâchis de l'histoire du sport. Phil Jackson, leur nouveau coach, (ex-coach de Jordan) a convaincu ces surdoués que sont Bryant, Rice et O'Neal de sacrifier leurs stats personnelles pour le bien de l'équipe.

Étonnant et exemplaire. À montrer a vos enfants.

BÊTE COMME UNE BÊTE - Un de mes minous s'est cassé la patte. Vous allez dire qu'il est toujours en train d'arriver quelque chose à mes minous, mais c'est juste parce que j'en ai beaucoup. J'en ai huit. Et forcément, huit minous dans une maison, ça donne plus d'action que mettons deux poissons rouges. Bref. Double fracture. On ne sait pas comment Ramon s'est fait ça. La patte avant gauche. La vet lui a fait un plâtre. Ramon est un mâle tigré très affectueux que l'on a appelé Rrrrramon parce qu'il rrrrroucoule. Mais je découvre qu'on aurait pu aussi l'appler nono, parce qu'il est un peu épais. Vous savez comment les chats se lavent la face : ils se lèchent d'abord l'a patte pour la mouiller, et se la passent ensuite sur le front: Ainsi fait Ramon. Sauf que ce total toto lèche sa patte de plâtre et emporté par le poids, s'en crisse un grand coup dans le front: boïng ! Une fois, passe encore. Mais non, il recommence boïng !

Ramon, bougre de con, tu vas t'assommer ! Change de patte !

TROP DE FAUTES - Ce courrier de Mmé Denyse Poirier à la rédaction du journal: Pourquoi faut-il toujours qu'il y ait des fautes d'orthographe dans la chronique de Pierre Foglia ? Y aurait pas moyen de le brasser un peu ?... Cela dit, c'est mon premier message à vie sur Internet. Je ne sais même pas s'il va se rendre.

Votre premier message ? Et c'est pour m'engueuler ? Trop d'honneur, madame.

Moi, mon premier message sur Intemet, C'était à mon ami Bob. Allô Bob, c'est le premier e-mail de ma vie, mais je sais pas quoi te dire. J'peux-tu te téléphoner à la place ?

Je m'ennuie, Bob. La vie a fait une sacrée faute de ponctuation avec toi l'automne dernier quand elle a mis un point où il fallait pas.