Le mardi 13 juin 2000


Le dynamisme économique
Pierre Foglia, La Presse

Si les Expos quittent Montréal, ce sera pour des raisons d'affaires. Ne dites pas non. S'il y avait assez d'amateurs de baseball dans le grand Montréal pour faire vivre les Expos, cela n'empêcherait pas les chicanes de clan, mais on ne parlerait pas de déménagement. Si les Expos s'en vont, c'est essentiellement parce que l'entreprise n'est pas viable à Montréal, ou trop aléatoire pour qu'on prenne le risque de construire un stade. Vous êtes d'accord, ça va ?

Alors, expliquez-moi pourquoi des hommes d'affaires avertis, marchands de tableaux, de guenilles, de pilules, de bière et autres bibines, administrateurs de fonds de solidarité syndicale, sans parler d'un ministre des Finances, d'un premier ministre et d'un maire de Montréal, expliquez-moi comment ces gens-là qui s'y connaissent en affaires, qui brassent des grosses affaires, ont pu s'embarquer dans une affaire qui ne marchera pas ?

Troublant. Je veux dire troublant au-delà des Expos.

Vous êtes-vous déjà demandé ce qu'était au juste le dynamisme économique ?

Laissez-moi vous expliquer. Le dynamisme économique fonctionne comme une pompe à bras. Vous savez comment on amorce une pompe à bras ? On verse un peu d'eau dans le corps de la pompe. On agite vigoureusement le bras. Et par phénomène d'aspiration (ou de succion) l'eau se met à couler.

Eh bien les affaires c'est pareil. Sauf que c'est une pompe à fric au lieu d'être une pompe à bras. On verse un peu de fric dans le corps d'une affaire. On agite vigoureusement le bras. Et par le même principe d'aspiration, de succion, le fric se met à couler.

Sauf que des fois ça ne marche pas !

Des fois, mettre un peu de fric c'est pas assez pour la succion. Faut en remettre. Et en remettre encore. Et y'a toujours rien qui vient. Comme si on pompait un gouffre. Ou comme si, au lieu de pomper, on se faisait soi-même pomper par en dessous.

D'autres fois, à force de remettre du fric et de pomper, oups, y'a enfin quéque chose qui vient, mais c'est pas de l'eau, c'est pas du fric. Yes madame, c'est d'la marde.

LA LIBERTÉ - Vous savez la publicité dans les toilettes des universités ? Évidemment les panneaux qui la portent se prêtent superbement aux graffiti oléolé, mais aussi aux autocollants pour annoncer des trucs pas forcément débiles. Par exemple, dans les toilettes de McGill, Concordia et l'UQAM ces panneaux ont été couverts d'autocollants pour annoncer une manifestation étudiante sur le réinvestissement dans l'éducation. Pas une niaiserie. Réinvestir dans l'éducation. Ce n'est pas l'avis de Zoom Média, la compagnie qui gère ces panneaux. Elle appelle ça du vandalisme et elle a envoyé une mise en demeure au Mouvement pour le droit à l'éducation (MDE) qui a produit les autocollants.

Si j'étais étudiant, je prendrais la mise en demeure du zozo de Zoum, j'en ferais une affichette autocollante et j'en tapisserais les panneaux des toilettes de toutes les universités.

Hé, les enfants, c'est pas pour vous pousser à l'anarchie, mais si vous laissez les pissotiers de la pub vous faire la morale, la prochaine fois que vous allez dire « liberté » vous allez avoir le cadavre d'un crapaud dans la bouche.

LA LIBERTÉ ENCORE - La mairesse de Cap-Rouge veut mettre les chats en laisse pour les empêcher d'aller faire pipi chez le voisin et de propager des maladies. Elle ferait mieux d'interdire carrément les chats sur le territoire de sa commune.

Comment vous expliquer, madame la mairesse ? Le chat est tout le contraire du politicien. Il ne supporte pas d'être attaché. La laisse sied au chat comme le tutu au crocodile, le béret basque au lapin, le parapluie à la grenouille.

Les chats, madame la mairesse, sont la dernière passerelle à peu près domestique entre l'homme et l'univers sauvage, le dernier lien avec cette part obscure de nous-mêmes que la banlieue a complètement dégriffée. Bref, je vous encourage vivement à interdire les chats sur votre territoire, plutôt que de leur imposer la laisse. Recommandez à vos concitoyens des animaux de compagnie plus sédentaires comme le cactus et le poisson rouge. Voilà. En terminant, on me rapporte, madame, que vous avez dans votre allure beaucoup de la chèvre de monsieur Sigouin et que, comme elle, vous tournez en rond au bout de votre piquet. Un ragot sans doute.

Toujours les animaux, toujours dans la région de Québec, un confrère du journal Le Soleil écrit sottement : On ne sait trop si c'est l'ennui qui pousse les baby-boomers et amants des bêtes a dénicher des animaux de compagnie destinés à combler leur solitude. Mais une chose est certaine, en empruntant le chemin de la retraite ils font appel à un chat, un chien...

Les boomers ! Bien sûr ! Les putains boomers! J'aurais dû y penser. Non seuiement le déficit est entièrement de leur faute, mais quand on marche dans la merde de chien aussi c'est de leur faute.

POP-PSYCHOLE - Je ne sais plus qui a ouvert le bal en donnant une consultation psychiatrique à distance à Eric Lindros, mais je voudrais juste rappeler à mes estimables collègues des sports que c'est un jeu dangereux et souvent malhonnête. Rappelons-nous que cette même médecine à distance a déjà fait de M. Lucien Bouchard un visionnaire fanatique. Je n'ai pas de sympathie pour Lindros, mais il a bien le droit d'avoir une maman, elle a bien le droit d'être possessive et, avant d'en tirer des conclusions définitives, rappellons-nous que dans la vie des champions il y a très souvent un papa, un entraîneur, quelqu'un qui prend une énorme place en devenant quelque chose comme le double « terre-à-terre » du champion exilé, lui, sur sa planète sport. Ce n'est peut-être pas très sain, mais c'est très très très courant. Si vous voulez un avis moins médical que celui exprimé par mes confrères, je vous dirais qu'Eric Lindros est un grand con et que c'est la faute de personne.

POUR LA VUE - C'est peut-être sur le boulevard Taschereau, mais peut-être pas. Ce coin-là. J'ai aperçu la pancarte en passant. « Gîte touristique - NUITÉE DE RÊVE ». Un bungalow tout neuf. Devant un marchand de piscines. À côté d'une station-service. NUITÉE DE RÊVE.

POUR L'ESPRIT - Cette phrase, gravé dans une table du café Porté disparu, avenue du Mont-Royal, où j'attendais quelqu'un pour une entrevue : C'est quand on en a fini avec les problèmes de sexe et les difficultés matérielles que la recherche du soi commence.

J'ai hâte.