Le vendredi 13 août 2004


Les autres ...
Pierre Foglia, La Presse, Athènes

Les journalistes sont comme des papillons, toujours à tourner autour de la lumière, toujours à tourner autour de Despatie et Heymans, et un peu autour de Blythe Hartley, et c'est comme si les trois autres n'existaient pas. Les trois autres plongeurs québécois qui ne gagneront pas de médailles, comme le petit Christopher Kalec, étudiant en marketing à McGill, il aime tellement l'école que ça nuit à son entraînement, drôle comme tout, d'origine slovène, il veut se partir une équipe de plongeon en Slovénie. Faire la finale (dans les douze premiers) ferait son bonheur. Il y a aussi Myriam Boileau, qui a déserté le club CAMO il y a longtemps, elle étudie en service social à l'UQAM, deux hernies discales, elle revient d'une grave opération au dos, elle plongera de la tour en solo, elle aussi vise la finale. Mais il y a surtout Philippe Comtois. 28 ans, marié, un bébé d'un an. À 15 ans, Philippe Comtois était le Despatie de son époque.

J'ai vu arriver Alexandre au club, il avait six ans !

Quand as-tu su qu'il deviendrait meilleur que toi ?

À la tour, je l'ai su assez vite. Au tremplin, juste avant mon accident, quelques mois avant Sydney, j'étais encore un peu en avant de lui...

Le 20 mars 2000, à Sheffield, en Angleterre, Phillipe glisse sur le tremplin. Il se démantibule complètement le genou, ligaments déchirés, nerfs sectionnés. On a refait sa jambe gauche au complet. Vous devriez la voir, c'est pas beau ! Toute couturée. Toute maigrichonne. Plus courte. Insensible sous le genou, vous pouvez le brûler, le pincer, il ne sent rien.

Tu peux plonger avec ça ?

C'est un miracle chaque fois, mais je plonge.

Un miracle et un phénomène. D'autres plongeurs sont revenus de graves accidents. Mais on n'en a jamais vu comme Comtois qui ont retrouvé ce niveau en étant obligé de changer de jambe d'appel. Demain, Philippe plongera en synchro avec Despatie. Et plus tard en solo du tremplin.

Quelle relation avec Alexandre ?

La relation grand frère. Je continue de lui donner des trucs comme lorsqu'il était petit.

Des frictions ?

Il y en a déjà eu. Vers l'âge de 15 ans Alex a commencé à filer un mauvais coton. Il se trouvait bien bon. Et il était bien bon, mais on lui a dit écoute bien Chose, c'est pas d'même ça s'passe dans le plongeon. On l'a « rassis» comme on dit chez nous. On lui a expliqué la vie. Ça a pris six mois, et regarde comme il est fin aujourd'hui !

Cela m'a frappé tout d'un coup, ce Philippe Comtois est de la même race forte et tranquille que les Nicolas Gill et les Maryse Turcotte. Un genre de chêne. Demain soir Philippe plongera en synchro de la tour avec Despatie. Ils ont des chances de finir troisièmes. Je lui ai pris le bras : je vais dire un truc Philippe, n'importe quoi de synchro, je trouve ça débile. Mais je vais être là. Pis si tu montes sur le podium, je braille.