Le mardi 05 juillet 2005


Drôle de cousinage
Pierre Foglia, La Presse, Tour de France

Tours

Partout dans le monde, Reporters sans frontières défend la liberté de la presse. Un combat difficile et courageux dans des pays où les journalistes informent souvent au risque de leur vie ou de leur liberté.

Reporters sans frontières dénonce aussi les dérives de la presse des pays démocratiques, pas aussi démocratiques qu'il n'y paraît. Robert Ménard, le secrétaire général de l'organisme, est un habitué des ondes de Radio-Canada, je l'ai entendu quelque fois, c'était toujours très bien. Pas un mot à redire.

Et puis j'arrive au Tour et il y a un stand Reporters sans frontières à Challans, la ville-départ. Tiens...

Hier, c'était la journée Reporters sans frontières sur le Tour. Les dossards des coureurs en faisaient mention. Il y a un livre aussi, pleins d'articles de cyclisme, des articles vraiment pas rapport avec les collègues tuées en Irak, enfin si, le rapport c'est que livre coûte 10 euros qui vont pour la cause.

J'ai posé la question: pourquoi le Tour?
Parce que c'est un grand événement, m'a-t-on répondu. Et parce que le Tour est une affaire de journalistes. C'est aussi écrit tel quel dans le livre: entre le Tour et les journalistes, le lien est charnel.

Holà! Parlez pour vous. Si j'ai un lien charnel c'est avec le vélo. Certainement pas avec le Tour.

Le Tour a été effectivement fondé par un journaliste, Henry Desgranges, directeur de L'Auto, journal créé, expréssément, je vous le rappelle, pour dénoncer Dreyfus.

Après la Grande Guerre, L'Auto, de plus en plus à droite, défendait une certaine idée de la France, et une idée très purificatrice du sport, très mussolinienne (la rédemption de la jeunesse par la sueur et l'effort). L'Auto finira par faire l'apologie du régime fasciste, si bien que le journal sera interdit de publication à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L'actuel grand patron du Tour, Jean-Marie Leblanc, est aussi un ancien journaliste. Quand ça chauffe un peu côté information, parlez-en aux collègues du Monde, ou de Libé, il serait plutôt du genre «circulez y'a rien à voir».

Êtes-vous bien certains de vouloir vous réclamer de ce journalisme-là, chers collègues?