Le vendredi 27 janvier 2006


Mondor au repos pour un an ou deux
Pierre Foglia, La Presse

Pour raison de santé, la jeune coureuse de demi-fond Émilie Mondor doit mettre sa carrière en suspend. Elle souffre d'ostéoporose, une maladie beaucoup plus fréquente chez les femmes dans la cinquantaine que chez les jeunes athlètes de 24 ans.

Cas très rare qui intrigue et déroute la médecine sportive, Émilie, qui s'apprêtait à aller disputer des épreuves de cross en Europe, doit prendre un an de repos minimum, peut-être deux. Et rien n'assure aujourd'hui qu'elle renouera un jour avec la compétition. Un drame dans la vie de cette jeune femme pour qui la course était moins une carrière qu'une manière de vivre, pour qui courir, selon ses propres mots était «comme respirer».

Au cours de la même entrevue qu'elle m'avait donnée à Paris en 2003, elle avait fait cette supposition prémonitoire: si vous me donniez le choix entre gagner une médaille à ces championnats du monde et arrêter de courir après, ou ne plus jamais faire de compétition mais courir toute ma vie, je vous dirais courir toute ma vie.

Elle hérite du pire: plus de compétition, et pas le droit de courir... ou très très légèrement, et pas plus de trois fois par semaine.

Junior surdouée, des premiers ennuis de santé avaient contrarié ses débuts seniors au point où on l'avait déjà cru perdue pour la compétition. Elle s'installe alors en Colombie-Britannique où elle peut s'entraîner dehors et à son rythme 12 mois par année. Elle retrouve sa santé, toute sa classe et rejoint bientôt l'élite mondiale à laquelle elle appartient, ce qu'elle démontrera de façon éclatante aux Championnats du monde à Paris en 2003 en devenant la première Canadienne à descendre sous les 15 minutes sur 5000 mètres et en participant à la finale de ce 5000 dans la foulée des intouchables Africaines.

On l'attendait beaucoup à Athènes. Grosse déception, surtout pour elle. Un chrono assez médiocre l'écarte de la finale. Elle annonce une année de repos, déménage à Mammoth Lake dans l'Est de la Californie, nouvel environnement, nouveaux commanditaires, elle semble bien repartie, et puis cette tuile. Ostéoporose comme une vieille dame.

Usée par l'entraînement? Justement pas. Adepte de l'entraînement en douceur- courtes périodes d'intensité- très minutieuse, prenant grand soin de son alimentation, Émilie Mondor est une des ces athlète modèles dont les meilleurs résultats étaient à venir dans trois ou quatre ans, à l'âge ou les coureuses de demi-fond atteignent leur maturité (même si les épreuves de demi-fond sont actuellement dominées par de très jeunes Africaines).

En vacances chez ses parents à Mascouche, Émilie repart à Mammoth Lake la semaine prochaine. Les médecins lui permettent de jogger légèrement trois fois par semaine, elle attend beaucoup de ce repos et plus encore d'un tout nouveau médicament encore expérimental qu'on vient de commencer à lui administrer. Sans désespérer de revenir à la course dans un an ou deux, peut-être même sur le marathon, elle songe en attendant à se convertir à des sports «plus faciles» - c'est elle qui le dit! - comme le vélo ou le triathlon.