Le dimanche 6 août 2006


Un petit marathon
Pierre Foglia, La Presse

Athlétiquement, sportivement, je ne sais trop comment dire, les Outgames se sont terminés hier matin sur une petite fausse note: 99 inscriptions au marathon, 92 à l'arrivée, ça fait pique-pique pour un grand événement sportif. Surtout qu'on nous l'avait annoncé comme le couronnement d'une formidable semaine sportive, comme la cerise sur le sundae. En fait de cerise, on a eu juste le noyau. Et la queue, bien sûr. Je veux dire que ces jeux gais le sont restés jusqu'à la fin.

Pas de quoi se vanter non plus du côté des chronos. Seulement quatre coureurs en moins de trois heures. L'Allemand Frank Bassin, des Frontrunners de Cologne, l'a emporté en 2:52:13. On le félicite, bien sûr, mais on l'eût préféré vingtième que premier, cela nous aurait fait une conclusion plus étincelante.

Stephen Souch (2:55:41), de Montréal, a terminé premier Canadien. Il est agent de bord à Air Canada, son deuxième marathon, ne s'entraîne pas plus que ça - moins de 50 km par semaine. Faut quand même être super-doué pour descendre sous les trois heures avec si peu de fond, à son deuxième marathon. En quatrième place, on trouve un autre Québécois, Marc-André Charette, de Gatineau. Et plus loin, le monsieur dont je vous parlais l'autre jour au triathlon, Patrice Francoeur, huitième en 3:09:32.

Bref, si l'élite n'était pas au marathon, elle était (un peu) au demi. L'élite, hier, c'était le New-Yorkais Richard Velasquez en 1:14:49 au demi-marathon. Ça commence à être du bon stock. Ça nous aurait fait un vainqueur de marathon en 2:35 et j'aurais pu niaiser mes collègues qui couvrent les championnats canadiens d'athlétisme à Ottawa et qui n'ont à se vanter, pour l'instant, que de sprints calamiteux.

Pourquoi pas le marathon, M. Velasquez?
Ce n'était pas à mon programme. Les bons marathoniens ne mettent pas les Outgames à leur calendrier. Ils ne savent pas quel environnement ils y trouveraient. Quand tu t'entraînes sérieusement, avec des objectifs précis, tu choisis soigneusement tes compétitions.
Et comment était l'environnement?
Irréprochable.
Le parcours?
Agréable. Et la température, idéale. Mais tout ça, on ne pouvait pas le savoir avant. Je suis venu faire le demi pour m'amuser, c'est toujours comme ça: quand on s'amuse, on court plus relax. Je suis passé au 10 km en 36 minutes, je me sentais bien, j'en ai remis une couche dans la seconde moitié... 1:14:49, vous dites? C'est bon!
Gai?
Oh yessss!
Signalons pour mémoire que, au 10 km, c'est un Anglais (Martin Callum) qui l'a emporté en 34:18. C'est mieux que tout ce qu'on a vu sur la piste pendant quatre jours, mais c'est quand même rien pour se rouler à terre.

J'aurais très bien pu courir ce 10 km et ne pas finir dernier, et même finir avant Denis Gandelin, de Lyon, (115e sur 253). Il est vrai que c'était la première fois qu'il courait. Il devait venir à Montréal avec sa chorale, finalement la chorale n'a pas pu. Denis est venu quand même, il a rencontré Danny au défilé gai dimanche dernier. Ils ne se quittent plus. Danny lui a même prêté des runnings pour courir ce matin, même pointure, ils étaient faits pour se rencontrer.

Au demi-marathon, j'aurais battu Luc Houle (145e sur 244). Il travaille à la DPJ. En passant à côté, je lui aurais lancé une niaiserie, je ne sais pas laquelle, mais faites-moi confiance, j'en aurais trouvé une. J'aurais battu aussi Chantal Monière. En passant à côté, j'aurais dit t'es juste une fille, lalalère.

Pis voilà, les jeux gais auraient été finis. J'aurais pris congé. Peut-être même jusqu'à Noël.