Le jeudi 23 novembre 2006


Chronique sans parapluie
Pierre Foglia, La Presse

Je vous donne que c'était un peu nono, trois chroniques sur les accommodements déraisonnables, le même jour, qui plus est trois chroniques qui allaient (à peu près) dans le même sens... cela a suffi pour que des lecteurs évoquent le complot de gauche! Oui Françoise, t'as bien lu, dans La Presse, un complot de gauche! Tu souris au moins.

Avoir su que Michèle et Marissal (et Boisvert à la suite) allaient aussi relever la déraisonnable sortie de Mario Dumont, je leur eusse volontiers cédé le chemin, allez, allez à la guerre jeunes gens. Comme dit mon collègue Marissal, c'est le genre de chronique "à parapluie", il veut dire par là le genre de chronique qui, allant contre le sentiment général, fait pleuvoir des cons.

Ciel qu'il en a plu. Une vingtaine rien que dans la corbeille aux indésirables que l'on élimine d'un clic, mais il faut bien lire les autres, tiens, comme ce genre de charabia nauséabond: de simpliste à populiste il y souvent des raisons car moi je vois dans un avenir rapproché tous les petits québécois aux écoles primaires avec des boucles et avec le petit képi noire. Et c'est pour bientôt. Au nombre de petits Québécois à naître comparativement au surpeuplement des Assidiques c'est pour bientôt (Charles F. Labrecque).

Anyway. Il a plu aussi quelques finesses, celle-ci de Stéphane Légaré: finalement vous êtes comme les Panettones, vous revenez pour les Fêtes.

Ça va, vous? Moi aussi mais bon, je n'ai plus 20 ans. Ni 40. Ni 60. Soixante-six à la fin du mois. Et pas vraiment toutes mes dents. Mais j'ai choisi de continuer. Comme La Presse semble le souhaiter aussi, affaire classée. Jusqu'à quand? C'est un peu comme si vous me demandiez jusqu'à quand comptes-tu respirer? J'aimerais travailler jusqu'à... je sais pas. J'aimerais finir comme Robert Altman, qui est mort hier à 81 ans alors qu'il était en train de préparer un film, mais c'est pas comme ça que ça arrive le plus souvent. Le plus souvent, c'est un coup de téléphone d'un médecin qui vous dit, ben voilà, désolé, vous l'avez. Si cela doit arriver, je vous tiendrai au courant promis. En attendant, arrêtez de chuchoter. L'autre jour, j'ai écrit pour déconner que je prolongeais mes vacances jusqu'à Pâques, et vous en avez déduit que j'étais mourant. Allez, je devrais pouvoir passer la Noël.

Parlant de Noël, avant que j'oublie, avez-vous remarqué que le père Noël n'apporte des cadeaux qu'aux enfants qui ont des parents? Les enfants qui n'ont pas de parents ou qui en ont mais qui ne sont pas là pour toutes sortes de mauvaises raisons, ou qui sont là mais qui sont vraiment très très démunis, ces enfants-là, le père Noël ne les visite pas. C'est comme ça.

L'an dernier, j'avais écrit une chronique sur un monsieur qui s'appelle Normand Brault qui travaille à la DPJ et dans les centres jeunesse; avec ses amis, sa blonde, il fait écrire par les enfants qui n'ont pas de parents une lettre au père Noël. Cher père Noël, je voudrais ceci, cela, écrit l'enfant. Il ajoute qu'il n'a pas été très sage, mais que c'est pas de sa faute, y'avait pu de Ritalin, ou je sais pas quoi. Le truc qu'il voudrait avoir ne dépasse généralement pas les 30$. Normand Brault ramasse les lettres et les envoie à tous ceux qui veulent bien en recevoir une. Moi par exemple. Vous aussi si vous le souhaitez. Vous n'avez pas à aller porter le cadeau, des lutins s'en chargent. Mais vous devez écrire un petit mot à l'enfant.

Pour joindre Normand Brault : braultn@videotron.ca . Ou 450-628-1328.
(Pour en savoir plus, vous pouvez allez sur www.cyberpresse.ca et lire ou relire la chronique en question, J'ai rencontré le père Noël, parue en décembre 2005.)

AVERTISSEMENT

Avertissement de tempête pour ma chronique de samedi prochain. Je vous avertis: ça va être plutôt insupportable comme texte.

Je vous entends: oh la vieille pute! Vous n'y êtes pas. Cela m'arrangerait vraiment que, samedi, personne ne lise ma chronique. Pourquoi l'écrire alors? Parce qu'il faut parfois nommer les choses afin qu'elles existent.

Je vais parler des vieux dans les CHSLD. Non je n'ai pas caché de caméras dans la télé ou dans le pot de fleurs. C'est justement parce que j'en ai plein le cul des caméras cachées que je sens l'urgence de nommer la normalité d'une job pas du tout normale. Cela n'excusera rien. Mais cela montrera ce qu'on semble ne pas vouloir voir. Un documentaire.

BANDITISME

Tiens, revoilà la mafia. Moi qui la croyais à jamais fondue dans l'économie de marché, indistincte de la bourgeoisie d'affaires et cultivant son mythe dans Les Soprano...

Pendant ce temps, à Saint-Armand, mon bandit préféré, M. Werner Kyling faisait, ce matin même, la une (toute la une sacrament!) du journal local La Voix de l'Est. Son dernier crime? Figurez-vous qu'il a assisté au cocktail annuel de financement du Parti libéral de la circonscription Brome-Missisquoi, cocktail auquel participait évidemment M. Pierre Paradis, député de Brome-Missisquoi.

Je ne t'ai jamais rien reproché, Werner, jamais un mot sur ton lourd passé, mais là, franchement, le Parti libéral! Pierre Paradis! Tu trouves pas que t'exagères? Excuse-moi, mais pour la première fois, je suis un peu embarrassé de dire que je te connais.