Le mardi 19 juin 2007


Un problème persistant par définition
Pierre Foglia, La Presse

Par définition, le problème des infections nosocomiales est un problème persistant... se plaît a répéter M. Couillard chaque fois qu'un hôpital annonce des victimes du C. difficile. La semaine dernière c'était l'hôpital Saint-François-d'Assise à Québec, 52 cas de patients infectés par la bactérie <>Clostridium difficile en 3 mois (de mars à mai), 18 morts, 8 directement de la bactérie, pour les 10 autres la bactérie serait seulement «contributive» de leur décès.

Arrêtez de vous énerver, n'a pas dit le ministre de la Santé, mais c'est quand même ce qu'il s'évertue à répéter à chaque fois. Il n'a pas dit non plus que l'âge moyen des 8 patients décédés était de 83 ans, mais il s'est arrangé pour que cela se sache quand même: à 83 ans ne meurt-on pas d'abord de vieillesse?

Un problème persistant par définition. Par définition? Nosocomial, du grec nosos, maladie, et komeîn, soigner, se dit d'une infection contractée lors d'un séjour en milieu hospitalier... Je ne vois pas dans cette définition du Larousse (et du Littré) ce que ce problème a de persistant par définition.

Que veut-on nous dire? Que c'est normal d'attraper une maladie à l'hôpital puisque c'est là qu'elles se retrouvent toutes? Que ça a toujours été comme ça? Que c'est un vieux problème avec des mots nouveaux (Clostridium, nosocomiales)? Qu'on n'en viendra jamais à bout?

Au fait, s'cusez la petite montée de paranoïa, c'tu juste nous autres?

En janvier dernier, l'hebdomadaire l'Espresso publiait un reportage sur la malpropreté effarante d'un grand hôpital romain, reportage qui a secoué tout l'Italie. Pour rassurer l'opinion publique, le ministère italien de la Santé lançait une vaste enquête dont les résultats n'ont rassuré personne: entre 450 000 et 700 000 patients sont victimes chaque année d'une infection nosocomiale dans les hôpitaux italiens; de 4500 à 7000 en meurent! Chiffres effarants certes, mais qui placent l'Italie dans la moyenne européenne: 4200 décès annuellement en France (encore qu'un plus récent rapport, celui du sénateur de l'Oise Alain Vasselle parle de 9000 décès). Mêmes statistiques en Angleterre, au Portugal, en Allemagne, en Israël, aux États-Unis, bref, non ce n'est pas juste nous autres, les infections nosocomiales touchent plus de 10 millions de personnes dans le monde chaque année.

Les chiffres pour le Québec seraient même plutôt rassurants, environ 4000 patients touchés, mais depuis la déclaration obligatoire de la bactérie C. difficile (août 2004) seulement une centaine de décès par année de cause directe et 150 autres pour lesquels la bactérie ne serait qu'une cause contributive de leur décès.

Là! Êtes-vous rassurés?

Pas moi. Ce n'est pas tant que je sois inquiet, c'est que je ne comprends pas. Ainsi, 9000 Français, 7000 Italiens, autant d'Anglais, d'Allemands, des Québécois, des Américains meurent chaque année à l'hôpital d'une maladie qu'ils N'AVAIENT PAS EN Y ENTRANT?

Et cela seulement parce que le personnel soignant, les malades, leurs visiteurs ne se laveraient pas les mains?

Se les lavaient-ils plus à l'époque où personne ne parlait d'infections nosocomiales?

Je comprends que se laver les mains contribue efficacement à circonscrire l'épidémie, se laver les mains, c'est la solution, mais le problème, parlez-moi donc un peu du problème, d'où viennent-elles ces nouvelles souches microbiennes qui résistent à tous les antibiotiques?

Cela ne me dit pas pourquoi les antibiotiques, souverains pour combattre les bactéries depuis leur invention au début du siècle sont soudain le principal facteur d'infection par le Clostridium difficile qui est... une bactérie. Cela vous dérangerait beaucoup de nous expliquer? Et si on parlait un peu de la surutilisation des antibiotiques? Ces gens qui prennent des Cipro (à large spectre) comme des aspirines. Et ces docteurs qui les leur prescrivent?

Et si on parlait un peu des antibiotiques qu'on consomme sans le savoir, ceux introduits dans la chaîne alimentaire?

Et si, dans un registre différent, on parlait de ces vieux qui seraient morts de leur belle mort chez eux si on les avait laissés s'éteindre en paix au lieu de les réanimer aux urgences où ils ont attrapé cette foutue bactérie qui en a fait les victimes d'un problème persistant par définition?

B'NAI BRITH

Il ne m'étonne pas que les gens du B'nai Brith aient trouvé haineuse la caricature de Chapleau dans La Presse de vendredi. Combien on parie qu'ils n'ont tout d'abord pas reconnu Mario Dumont, même si c'était écrit au-dessus? Ils ont été aveuglés par le dessin halluciné d'un juif hassidique et sont restés là-dessus.

Qu'ils prennent Chapleau pour un sale type est sans aucune importance, d'ailleurs ce n'est pas complètement faux, ce type-là hayit tout le monde, les artistes, les politiciens, les raéliens, les chroniqueurs de télé, alors des excuses? Yesss, à genoux!

Mais c'est pas Chapleau le problème.

Le problème, ce sont les antisémites qui n'attendent que ça. Un jour, il faudra que quelqu'un ose porter plainte devant la Commission des droits de la personne contre le B'nai Brith pour incitation à l'imbécillité.