Le mardi 10 juillet 2007


La boxe à Radio-Canada
Pierre Foglia, La Presse

Il a suffi qu'un des grands boss de Radio-Canada tripe sur la boxe pour que la boxe se retrouve à Radio-Canada et cela en rupture avec la culture sportive de la maison, du moins ce qu'il en reste. Je ne me plains pas, j'adore la boxe. Je ne me plains pas mais je tremble un peu quand même: et si le grand boss en question avait été un passionné de nage synchronisée?

Deux galas de boxe ont été présentés jusqu'ici à Radio-Canada. Le combat de Sébastien Demers en Allemagne, à la fin mai. Et le combat de Joachim Alcine à Bridgeport, samedi dernier. Ces galas étaient animés par le tandem Mario Langlois-Bernard Barré. Le premier est un excellent animateur d'émissions sportives. Le second un grand connaisseur de boxe, le hic est que M. Barré est AUSSI un employé du groupe GYM auquel appartiennent Demers et Alcine et leur gérant et promoteur Yvon Michel. N'est-ce pas courir après le trouble? Ou pire, du point de vue de l'information: s'arranger pour ne pas voir le trouble quand il y en a?

Premier gala de boxe couvert par Radio-Canada en Allemagne: une honte. Les deux boxeurs d'Yvon Michel surclassés, et même déclassés, et cela après que Sébastien Demers se fut rendu complètement ridicule par ses fanfaronnades avant le combat. Qu'en a pensé l'analyste Bernard Barré? Que du bien. S'est-il demandé pourquoi son patron Yvon Michel avait emmené ces deux boxeurs-là à l'abattoir? Pas une seconde. S'est-il demandé combien cela avait rapporté à Yvon Michel pour avoir approvisionné les Allemands en chair à canon? Pas une autre seconde. On ne parle pas d'argent dans cette émission-là. Curieusement, on ne parle pas beaucoup de boxe non plus. On fait rarara et on mène la claque. Allez les p'tits gars, ton jab, ton jab...

Le second gala s'est ouvert sur une controverse. Vendredi, ma consoeur Sophie Allard révélait dans nos pages qu'Alcine avait été mis accidentellement K.O. il y a deux semaines à l'entraînement, ce que Yvon Michel aurait dû rapporter à la Régie des sports, et ce qui aurait dû entraîner des tests et peut-être nécessiter le report du combat. Samedi soir, en ouverture du reportage de Radio-Canada, Bernard Barré a qualifié la nouvelle « d'histoire de pêche «, traitant implicitement ma consoeur de menteuse. Ce n'est pas il y a 15 jours que l'incident serait arrivé, a-t-il révélé, mais il y a six semaines. Et Alcine n'a pas subi un K.O., il est juste tombé et s'est relevé aussitôt.

Je suis allé aux sources, a dit M. Barré. Ah bon, et où sont-elles vos sources, M. Barré?

Au club GYM.

Rappelez-nous donc pour qui vous travaillez, M. Barré?

Pour le club GYM.

On veut bien que Radio-Canada couvre la boxe, mais serait-ce beaucoup demander à Radio-Canada de la couvrir avec la même rigueur, et en appliquant les mêmes critères journalistiques que dans les autres services. Merci d'avance.

LE MEILLEUR DES MONDES - Pour parler du combat lui-même, disons-le puisque personne ne l'a encore dit: il fut d'un ennui total. Ce combat de championnat du monde avait l'air d'une finale des Golden Gloves de la Haute-Mauricie. Il n'y a pas eu de combat. La faute en est au tenant du titre, ce Travis Simms qui ne s'est tout simplement pas battu. Son jab trop court n'a jamais rien touché, ses crochets ne sont jamais sortis, il a passé son temps à ne pas boxer, et à donner l'impression qu'il attendait déjà le match revanche. Joachim Alcine a certainement mérité sa victoire, reste que c'est une victoire par défaut.

Vers la mi-combat, me semble avoir entendu Mario Langlois susurrer que ce n'est pas un match qui passerait à l'histoire, mais jamais n'a été dite la criante évidence: c'est platte!

Pouvez pas imaginer comme ça me tue. Tout est comme ça, tout le temps. Voltaire a écrit Candide pour dire que « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles «, je me propose d'écrire la suite, cela va s'appeler Ducon et ce sera pour dire que tout est pour le mieux, anyway.

Le show n'est plus jamais platte. L'épouvantable D'Elles de Céline ne peut pas être platte, c'est Céline. Nitro, c'est pas platte, c'est un genre. Le Canada à la coupe des U-20, c'est pas platte, ils apprennent. La boxe à Radio-Can, ça ne peut pas être platte, c'est l'idée d'un grand boss. Et ta soeur, Ducon? Elle fait le poirier pas de culotte? Tu vois, elle non plus, elle est pas platte.

Ça dépend du point de vue, vous savez! Du point de vue des Haïtiens, c'est une belle victoire. On est en train de faire de la lucidité une question de perspective alors que c'est surtout une question de distance par rapport à l'objet. Juste un petit pas en arrière et qu'est-ce qui reste?

Il reste deux soirées de boxe à Radio-Canada merdiques.

MON AMI RÉJEAN - Je lis Réjean Tremblay depuis au moins 30 ans et jusqu'ici, j'ai toujours compris tout ce qu'il disait, d'une part parce que ce n'est pas si difficile à comprendre, mais surtout parce que je suis intelligent. Sauf l'autre jour, j'ai pas compris. Réjean parlait de Daniel Brière. Réjean est d'avis que Bob Gainey n'a pas fait ce qu'il fallait pour obtenir les services de Brière. La preuve, nous dit Réjean, Gainey n'est pas allé rencontrer Brière personnellement, il a envoyé le secrétaire de route de l'équipe. Réjean illustre par un exemple. Le sien. Quand Pierre Péladeau, raconte-t-il, m'a offert le poste d'éditeur du Journal de Montréal, il ne m'a pas envoyé une de ses secrétaires...

Si tu me permets, Réjean, c'est un exemple a contrario un peu nul, parce que finalement, Dieu merci, tu n'es jamais allé au Journal de Montréal, alors que si Péladeau t'avait envoyé une de ses secrétaires, héhé, hoho...