Le mardi 20 novembre 2007


La vie mon vieux
Pierre Foglia, La Presse

Je lisais La Presse, cela m’arrive, l’article illustré d’une bonne photo, occupait la moitié de la page: Dany Bédar ne s’en cache pas, il a besoin de faire une pause. J’en fais une aussi. Dany qui? Je reprends un peu plus loin: sa vie personnelle a fait la une de tous les magazines. Ah bon. Sa rupture avec Annie Villeneuve... Avec qui?

Dans le dernier numéro de notre revue de journalistes, un chroniqueur du Journal de Montréal dit, je cite: «Les journalistes ont bien des pouvoirs mais certainement pas celui d’inventer des histoires.»

Mon cul, bonhomme, ils inventent même des gens. Si Dany Bédar existait, je le saurais; je suis journaliste aussi.

Quelques pages plus loin, dans la même revue de journalistes, ce titre: Informer n’est pas divertir. Ça c’est vrai, par exemple. Prenez l’affaire Mulroney-Schreiber.

S’il y a quelque chose de pas du tout divertissant, c’est bien cette histoire-là. Il y a des dossiers comme ça qui font bander les journalistes comme des fous et le public pas du tout. Remarquez, je suis mal placé, moi je me passionne pour des trucs qui n’intéressent ni mes collègues ni le public. Comme quoi?

Tenez, ce Grec de Pierrefonds qui a peint le drapeau grec sur la porte de son garage. La cour municipale vient de décider que c’était là une forme de pollution visuelle dérangeante pour les passants et les automobilistes.

Une pollution visuelle? Visuelle! Qui offense la vue? Le laid alors? Ciel, monsieur le juge, savez-vous bien quelle guerre du goût vous venez de déclencher? Ne vous y trompez pas, c’est bien le goût que vous tentez de régir ici. Vous dites? Qu’il ne s’agit que de bannir le mauvais goût par trop criard? Vous n’en sortirez pas, qu’est-ce qui est trop criard, qu’est-ce qui l’est moins?

Il y a, pas loin de chez moi (heureusement assez loin quand même) une maison qui chaque année s’illumine démentiellement pour le temps des Fêtes, une petite Baie-James sur l’acide, un embrasement psychédélique qui abolit la nuit sur trois kilomètres à la ronde, du début novembre à la fin janvier, si ce n’est pas là de la pollution visuelle criarde...

Et le petit Nègre dans le jardin? Et l’autre sautée qui a décidé de repeindre sa maison aux couleurs de sa secte, violet et orange? Un citoyen d’Outremont ne se plaignait-il dans nos pages, en fin de semaine, de ne pouvoir refaire sa galerie en aluminium un matériau non agréé par sa municipalité?

Comment décréter ce qu’est le mauvais goût sans avoir jamais défini le bon? Sans ajouter que le bon goût ne se définit pas. Dès lors qu’il se définit, qu’il se réglemente surtout, le bon goût n’en est plus. Une sensibilité, une intelligence, voilà ce qu’est le bon goût, et encore il ne faut pas trop appuyer. Comment un tribunal municipal – Pierrefonds, grand dieu! – comment un tribunal municipal et même périphérique peut s’aventurer sur le terrain de la sensibilité et de l’intelligence ?

Qu’on commence donc par s’attaquer aux pollutions urbaines parfaitement quantifiables, le bruit notamment.

LA CHARITÉ – Voici le mémo qu’ont reçu récemment les parents des enfants qui fréquentent cette école élémentaire de Laval. Mémo rédigé dans un français à chier, mais ce n’est pas mon sujet...

Laval, le 6 novembre 2007\Objet : récupération des surplus de bonbons récoltés à l’Halloween

Madame, monsieur,
Voici une activité à laquelle a pensé le comité École en santé. Afin de promouvoir les saines habitudes de vie et la bonne alimentation, et dans ce cas bien précis éviter les caries ou une surdose de sucre nous avons pensé d’organiser une cueillette de bonbons reçus en trop le soir de l’Halloween.

Avec ces bonbons nous ferons des petites bonbonnières que nous rajouterons aux paniers de Noël que nous amassons à chaque année pour les familles dans le besoin (c’est moi qui souligne).

Nous pensons que ce geste nous aidera à atteindre deux objectifs: sensibiliser les élèves à l’importance de prendre soin de leurs dents et faire montre de partage et de générosité... en refilant aux pauvres ces bonbons qui fuckeraient nos dents.

Leurs dents à eux ? Bof.

LA VIE CHÈRE – Mme Jolivet, 87 ans, a la mauvaise habitude, depuis toujours, de jeter ses fonds de chaudrons, floutche, dans la cuvette des toilettes. L’autre jour, des peaux de poulet ont bouché le siphon. L’eau a débordé.

L’appartement de Mme Jolivet est situé juste au-dessus de celui du proprio; vite, la vieille dame a trouvé un plombier dans l’annuaire du quartier. Petit miracle, il allait venir de suite... mais, a-t-il averti, mais comme on est en dehors des heures régulières, ce sera à tarif double.

Le plombier est effectivement arrivé dans les 10 minutes. Il lui en a fallu moins de cinq pour déboucher le tuyau, et une pour rédiger la facture : 252$.

Comme dit Mme Jolivet, je ne suis pas bien riche, mais bof, tant qu’on a la santé...

LA VIE POCHE – Encore une histoire de vieille dame. Celle-ci aussi habite seule mais peut-être plus pour très longtemps. Moins alerte qu’elle a déjà été, elle sait bien qu’elle devra bientôt «se placer». L’autre jour, escortée par une amie qui a une auto, elle est allée faire le tour des foyers de la petite ville qu’elle habite. En reconnaissance en quelque sorte.

À l’entrée de la première résidence que les deux amies se proposaient de visiter, il y avait un jeu de poches. Elles ont figé là, statufiées, incapables de faire un autre pas. Une employée les a hélées :
– Puis-je vous aider, mesdames?
– Euh non, enfin si, on se demandait : est-ce qu’il y a une bibliothèque dans la résidence?
– Non, mesdames.

Leur tournée s’est arrêtée là. Elles sont plutôt allées prendre un café.

LA CANDEUR – Êtes-vous blonde ? me demande un lecteur. Vous êtes si candide, si innocent quand vous vous désespérez de la culture populaire que vous me faites chaque fois penser à cette blague de blonde...

Pourquoi les blondes écoutent-elles les films pornos jusqu’à la fin?

Parce qu’elles espèrent chaque fois que le gars va demander la fille en mariage.