Le jeudi 6 décembre 2007


Qu’attend-on d’un député?
Pierre Foglia, La Presse

Il y a ce donc ce député adéquiste qui non seulement ne sait pas écrire, mais ne sait même pas le nom de son propre parti qu’il appelle l’Association démocratique au lieu de L’Action démocratique. C’était dans notre journal d’avant-hier : Robert Deschamps, député adéquiste de Saint-Maurice laisse une vingtaine de fautes dans un communiqué de presse et rebaptise son parti.

Je m’étonne qu’on s’en étonne. Que je sache, rien dans la loi électorale n’interdit à une nouille d’être élue député, et même de devenir premier ministre, voire président de la plus grande démocratie du monde.

Si l’on faisait faire une dictée aux 125 députés de l’Assemblée nationale demain, je parie sur plus de 50 copies avec plus de 30 fautes. Mais ce qui donnerait véritablement à pleurer serait de faire passer aux députés un examen de culture générale, on découvrirait avec effarement que l’arrière-ban est peuplé d’incultes, je dis l’arrière-ban, mais je vois des ministres (et même une ministre de la culture) auxquels il ne faudrait pas demander, par exemple, de nommer cinq poètes québécois, même trois, même deux.

Est-ce bien grave ?

Ce le serait si on attendait d’un député qu’il soit l’expression de la nation. Si on attendait d’un député qu’il porte et défende un projet national d’éducation, de santé ou de vivre-ensemble, c’est sûr qu’on le choisirait éclairé, informé, cohérent, compétent.

Mais qu’attend-on d’un député ? On attend qu’il représente les gens de son comté. Ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’il doit en connaître le plus possible par leur prénom pour les saluer au Canadian Tire le samedi matin : salut Robert, la petite famille est bien ? Ça veut dire qu’il doit leur envoyer un carte dans le temps des Fêtes. Ça veut dire qu’il doit appeler à la CSST pour leur demander comment ça se fait que vous avez suspendu les indemnisations de M. Dugenou ? (qui s’adonne à être le beau-frère du garagiste, juste à côté de la permanence).

N’importe quelle tarte peut faire ça, vous êtes d’accord. C’est pour cela que les parlements de nos démocraties sont peuplés de tartes qui savent à peine lire, mais qui n’en sont pas moins des braves gens, serviables, aimables et tout.

On serait ainsi gouvernés par des illettrés ?

Faut vraiment tout vous expliquer.

On est représenté, nuance, pas gouverné, représenté par des illettrés. Pour ce qui est de la gouvernance proprement dite, c’est l’affaire des énarques, des experts (dont quelques-uns il est vrai sont députés), l’affaire des fonctionnaires, des technocrates, bref la gouvernance est assurée par ceux-là que tirent leur légitimité non pas de l’urne, mais de l’université, de leurs études en économie, en psychologie. Exemple caricatural de gouvernance d’experts : la réforme scolaire. Ni les citoyens, ni les politiciens n’ont eu leur mot à dire là-dedans.

Résumons-nous, qu’un député adéquiste fasse plein de fautes dans un communiqué de presse, que le même ne soit pas foutu de nommer correctement son parti et ne fasse probablement pas la différence entre sa main gauche et son cul n’a aucune espèce d’importance. De toute façon les gens n’ont pas voté pour lui ni pour l’ADQ, ils ont voté pour Mario Dumont.

Le seul petit reproche qu’on puisse faire au député n’est pas d’avoir manqué d’orthographe, mais, comme citoyen, d’avoir manqué de couilles quand il a dit que c’était la faute de sa secrétaire.

LA GRANDE ÉCHELLE — L’histoire est vraie, elle était dans le journal, dans le mien en plus, donc encore plus vraie, mais faudrait vérifier la fin parce que je l’ai arrangée un peu. L’autre nuit à Rouses Point, un village frontalier de l’État de New York, collé sur la frontière canadienne, il y a eu un gros feu dans une auberge. Les pompiers américains ont fait appel aux pompiers de Lacolle pour les aider. La chose est courante, les services d’incendie des deux côtés de la frontière se prêtant régulièrement assistance. Les six pompiers de Lacolle dans leur camion de pompier arrivent donc à la douane comme arrivent habituellement des pompiers, en trombe, sirènes et gyrophares déployés, le douanier sort du poste...

D’habitude le douanier fait signe de passer. Celui-là, l’air bête comme ils le sont des fois a dit : Identification please.

Et tout de suite après : Where you going ?

Franchement, a répondu le chef des pompiers de Lacolle, franchement on sait pas trop dayousse qu’on s’en va m’sieur le douanier. On est sur la go, comme qu’on dirait. Après qu’on a eu fermé le bar l’Erotica à Saint-Bernard, j’ai dit aux boys on va-tu r’virer aux States avec la grande échelle ! Envoye la sirène, et nous v’là.

L’ÉCOLOGIE — Il y a quelques années à la caisse des épiceries, les commis ont commencé à me demander : un sac en plastique ou en papier ? Plus tard, même au dépanneur : en plastique ou en papier ? En plastique calvaire, les sacs en plastique ont des anses. Quand le boucher me demandera : votre rôti de porc, avec antibiotiques ou pas ? Là je vais peut-être devenir écolo. En attendant, crissez-moi patience avec vos niaiseries.

Toujours est-il qu’il y a 15 jours, Recyc-Québec, s’appuyant sur une étude du Centre de recherche industrielle du Québec, a envoyé une note au gouvernement pour dire que, finalement, le sac de plastique est plus écologique que le sac en papier et même que le sac dégradable.

Lalalèreu. C’est même pas moi qui polluait la planèteu.