Le mardi 1er août 2012


De l'or
Pierre Foglia, La Presse, Londres

Il y a des médailles de bronze qui sont en or pour des raisons pas toujours limpides.

Comment dire ? Une médaille de bronze en haltérophilie derrière une Kazakhe et une Russe et devant une Bulgare c'est pas pareil qu'une médaille de bronze en trampoline derrière une Luxembourgeoise et une Monégasque. Je vous expliquerai mieux une autre fois.

C'est énorme ce qu'a fait Christine Girard hier à Londres. Une Canadienne sur le podium olympique en haltérophilie, malgré les Russes, les Bulgares, les Turques, c'est énorme.

C'est vrai, il n'y avait pas de Chinoises ni de Nord Coréennes. Et je vais même vous dire autre chose: Christine n'était pas tant que cela dans un jour de grâce. 103 kilos à l'arraché, elle a déjà fait ça. Elle a raté 105 qu'elle a déjà réussi aussi dans d'autres compétitions.

Pareil à l'épaulé-jeté. Elle épaule 133, c'est très très bien, mais l'exploit eût été ce 135 qu'elle avait dans les bras. Qu'elle avait en tête pour un record olympique à l'épaulé-jeté.

Mais alors, qu'est-ce qui est énorme là-dedans? Justement ça : dans un bon jour, sans être un grand jour, Christine Girard monte sur le podium olympique. Ça veut dire qu'elle est rendue exactement là. Troisième au monde. Normalement, naturellement, sans péter de balloune: troisième au monde, sa place. Et un peu celle de l'haltérophilie canadienne qui est surtout québécoise.

L'haltérophilie féminine est née chez nous de l'immense sourire de Maryse Turcotte. À Pékin - comme Maryse à Sydney - Christine Girard avait terminé quatrième délogée du podium à la toute dernière seconde par une Nord-Coréenne. Hier, derrière la Kazakhe Maïya Maneza intouchable, elles sont quatre filles séparées par un seul kilo. Et parmi elles, parmi ces meilleures au monde, Christine Girard, née franco-ontarienne et exilée en Colombie Britannique depuis deux ans, mais pur produit de l'haltérophilie d'ici.

Qu'on ne s'y trompe pas, le drapeau que j'agite ici n'est pas celui d'une province, mais bien celui de l'haltérophilie québécoise, des gens admirables pour qui cette médaille ne pouvait mieux tomber, ça aussi je vous l'expliquerai mieux une autre fois.